Le collier convoité

 

Inspiré d’un conte oriental

 

   Proche du bord d’un lac à l’eau très limpide, des promeneurs remarquaient un collier au fond de l’eau. Avec une branche effeuillée, certains tentaient de l’attraper. Mais à peine cet outil était-il introduit dans la limpidité que la surface du lac s’ondulait et perturbait la vision des profondeurs pour orienter la branche. D’autres, convoitant aussi ce bel objet, bravaient la froidure de l’eau et plongeaient pour tenter de se l’approprier. Mais dès qu’ils arrivaient au fond et que leurs yeux ouverts commençaient à s’accoutumer au contact de l‘eau, ils ne voyaient plus de collier. Pourtant, on le voyait clairement depuis le bord ! Toutes les tentatives de s’approprier l’objet si désirable étaient vaines.

   Un promeneur plus zélé observant cette agitation et les alentours leur signala que le collier n’était pas au fond du lac. Quel ne fut l’étonnement des autres personnes devant cette affirmation, alors que pour ceux-ci il était évident qu’un collier s’y trouvait par le seul fait qu’il y était visible depuis la berge ! L’avidité de chacun de se l’approprier par un artifice qui lui serait favorable amenait la foule à ignorer ce dernier arrivé, considérant qu’il avait probablement l’intention de les détourner de leur objectif à son profit.

   Face à tant d’opposition, il aurait pu s’éloigner et laisser la foule dans son aveuglement et son déni de réalité. Néanmoins, il insista :

   - Ce que vous voyez n’est qu’un reflet.

   Puis il leur montra un arbre sur la rive. Ensuite, il pointa son doigt vers une branche qui se déployait jusqu’au-dessus de l’eau, au bout de laquelle pendait un magnifique collier.

   Ce promeneur expliqua alors :

   - Si vous ne dirigez pas votre regard vers le haut, votre vision vers le bas ne perçoit qu’un reflet de ce qui est au-dessus de vous. Parfois, la vérité est toute proche, facile à atteindre. Il ne faut pas se laisser duper par ses reflets qui ne sont qu’une illusion et qui ne reproduisent qu’une partie de la réalité. Il est donc toujours nécessaire d’élargir le champ de vision au-delà de la première perception.