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ZELIE EST ACCUSEE
 

           Les personnages :

 

Zélie :      l’héroïne

Léa :        une amie de Zélie

Mathieu : un ami de Zélie

Victor :     un élève

Thomas : le maître d’école

Papa :      le papa de Zélie

Maman :  la maman de Zélie

 

 Nous sommes dans la classe d’une école primaire.

 

THOMAS : Bon, les enfants, la journée est terminée. Vous pouvez ranger vos affaires puis sortir dans la cour. Sauf Zélie : je voudrais te parler avant de sortir.

 

Zélie qui commençait à ranger ses affaires s’est soudainement pétrifiée. Pourquoi son maître lui prie-t-il de rester ? En général, il le demande à des mauvais élèves. Que se passe-t-il ? Elle dirige son regard vers Léa et Mathieu :  qui semblent eux-aussi dubitatifs et inquiets.

Lorsque tous les élèves sont sortis :

 

THOMAS : Zélie, j’ai quelque chose de grave à te dire. Est-ce toi qui a volé le stylo de Victor ?

ZELIE : Quoi ? Mais non. Je ne savais même pas qu’on le lui avait volé !

THOMAS : Effectivement, personne ne l’a su parce que je lui ai demandé de n’en parler à personne, même à ses camarades.

ZELIE : Je te le jure, Thomas, ce n’est pas moi. Je sais qu’il tient beaucoup à son stylo. C’est vrai qu’il est joli. Mais pourquoi m’accuses-tu ?

THOMAS : Quand Victor s’en est aperçu, c’était après la récréation de ce matin. Et il s’est rappelé que tu étais sortie de la classe bien après les autres. Moi aussi d’ailleurs, ce qui m’avait surpris car tu es souvent dans les premières à sortir avec Léa et Mathieu. Tu as donc eu le temps de lui subtiliser son stylo.

ZELIE : Non ce n’est pas vrai ! Enfin... Oui c’est vrai…

THOMAS : Ah tu vois, tu avoues !

ZELIE : Non pas du tout, je voulais dire que c’est vrai que je suis sortie en dernier parce que je ne retrouvais pas mon biscuit dans mon cartable. Je l’avais mal rangé. Mais non, je ne suis pas la voleuse !

THOMAS : Zélie, je vais devoir regarder dans ton cartable.

ZELIE : Fais-le. Tu n’y trouveras pas le stylo de Victor.

THOMAS : (Tout en regardant dans le cartable de Zélie) Tu veux dire que tu ne l’as pas mis dans ton cartable ?

ZELIE : Mais ce n’est pas moi, je te le jure !

THOMAS : C’est ce que tu dis, mais je ne suis pas obligé de te croire. Bon, effectivement, il n’est pas dans ton cartable. Où l‘as-tu mis ?

ZELIE : Mais je te dis que ce n’est pas moi !

THOMAS : Tu joues bien ton rôle, Zélie, mais je sais que tu détestes Victor, puis, encore une fois, tu es la dernière à être sortie de la classe ce matin, alors je me sens fondé à croire que tu es la voleuse.

ZELIE : Je n’y crois pas !

THOMAS : Zélie, je vais être obligé d’en parler à tes parents.

ZELIE : Non s’il te plaît puisque ce n’est pas moi !

THOMAS : Pourquoi as-tu si peur de leur en parler si ce n’est pas toi ?

ZELIE : Je ne sais pas, mais cela ne plait pas. Ils vont avoir un doute sur moi !

THOMAS : Ils auraient des raisons d’avoir des doutes sur toi ? Cependant, je n’y peux rien. Tout fait penser que tu es la voleuse. Maintenant, Zélie, tu retournes chez toi. Je les appelle ce soir. Tu peux leur en parler avant mon appel si tu le souhaites.

 

Zélie sort en pleurs de la salle de classe et retrouve Léa et Mathieu qui l’attendaient, inquiets.

 

LEA : Que se passe-t-il, Zélie ?

ZELIE : Thomas m’accuse d’avoir volé le stylo de Victor.

MATHIEU : On lui a volé son stylo ?

ZELIE : C’est ce que m’a dit Thomas.

LEA : Mais pourquoi toi ? Ce n’est pas possible. Ce n’est pas toi, dit ?

ZELIE : Non, ce n’est pas moi, mais tout m’accuse.

LEA : Comment tout t’accuse ?

ZELIE : J’étais la dernière à sortir de la classe quand son stylo a disparu, et puis on le déteste et Thomas le sait.

MATHIEU : Ah oui, il y a de quoi le détester !

ZELIE : Il va appeler mes parents !

MATHIEU : Il faut tout leur dire !

LEA : Tout, mais quoi puisque ce n’est pas elle !

MATHIEU : C’est vrai. Mais ils vont te croire, Zélie ?

ZELIE : Je n’en sais rien. Thomas a des arguments, et je n’arrive pas à prouver qu’il a tort.

LEA : Si ! Pour le prouver, il faut trouver le vrai coupable.

ZELIE : Mais cela va prendre du temps ! En attendant, c’est moi la coupable… Et tout le monde va me regarder comme une voleuse, y compris mes parents

LEA : Jusqu’au jour où on aura trouvé le vrai voleur. En tous cas, moi je te crois.

MATHIEU : Moi aussi.

ZELIE : Merci les amis, vous êtes vraiment chouettes.

LEA : C’est à cela que servent les véritables amis.

Quelques secondes de silence.

 

Bon, je propose qu’on retourne chez nous et demain, on y verra plus clair en cherchant bien.

 

Mathieu repart de son côté, Zélie et Léa du leur vers leurs maisons voisines.

En chemin :

 

LEA : Ecoute, Zélie, je ne suis pas à ta place. Je pense que Mathieu a raison : il faut dire à tes parents toute la conversation que tu as eu avec Thomas. S’ils l’apprennent par lui, ils vont croire que tu leur caches la vérité et ils penseront donc que tu es vraiment la voleuse. Cela ne va pas t’arranger…

ZELIE : Je crois que tu as raison.

LEA : Et puis ils vont voir ta tête qui n’est pas celle de tous les jours. Ils vont te poser des questions. Je te suggère de leur en parler dès que tu arrives.

ZELIE : Il n’y aura que Maman.

LEA : Alors tu commences par elle.

ZELIE : Et puis il y aura Arthur.

LEA : Tu le désignes du regard à ta mère, et elle comprendra sûrement que tu souhaites lui parler seule à seule.

ZELIE : Merci Léa pour tes conseils ! Seule, je n’aurais pas pensé à tout cela. Allez, on est arrivées. Donne-moi du courage.

LEA : Tu l’as, le courage, et tu sauras quoi dire à ta mère. Bonne chance !

ZELIE : A demain

 

Chacune rentre dans sa maison. Dès que Zélie voit sa maman, elle tombe en pleurs sans même avoir pu la saluer.

 

MAMAN : Oh Zélie, que se passe-t-il ? Pourquoi tous ces pleurs ? Allez, viens dans le salon près de moi, et dis-moi ce qui ne vas pas. Tu t’es disputée avec Léa ?

 

Zélie fait non de la tête.

 

MAMAN : Avec Mathieu, alors ?

 

Zélie refait non de la tête.

 

MAMAN : Avec quelqu‘un de ta classe ?

 

Zélie continue à nier.

 

MAMAN : Tu as eu une mauvaise note ?

 

Zélie poursuit le geste.

 

MAMAN : Mais que se passe-t-il alors ?

ZELIE : C’est Thomas qui me traite de voleuse !

MAMAN : Quoi ! Tu as volé quelque chose ?

ZELIE : Mais non Maman !!!

MAMAN : Mais pourquoi ? Cela m’inquiète.

ZELIE : Parce que le stylo de Victor a disparu.

MAMAN : Victor est celui que tu détestes avec Léa et Mathieu ? C’est cela ? Et vous avez voulu le lui faire payer ?

ZELIE : Mais non, Maman, ce n’est pas moi !

MAMAN : Alors, c’est Léa ou Mathieu ?

ZELIE : Mais pourquoi toi aussi tu nous accuses ?

MAMAN : Mais parce que vous le haïssez tant que je ne serais pas étonnée que vous lui ayez fait ce mauvais tour.

ZELIE : Oui, c’est vrai qu’on le déteste, mais pas au point de lui voler quelque chose !!! On le déteste, c’est tout, et il le sait. Alors on s’évite dans la cour et dans le couloir. Cela ne va pas plus loin !

MAMAN : Eh bien, voilà ce que cela vous apporte de détester autant des personnes. Vous avez gagné de vous faire traiter de voleurs ! Tout cela ne me plait pas. Et que va-t-il se passer maintenant ? On va me regarder dans la rue comme la mère d’une voleuse, même si tu n’es pas la coupable comme tu me le dis ?

ZELIE : Thomas va vous appeler ce soir.

MAMAN : Et que va-t-on lui dire ?

ZELIE : Que ce n’est pas vrai.

MAMAN : Qu’est-ce qui n’est pas vrai ? Que tu n’es pas la voleuse ? Que le stylo de Victor n‘a pas disparu ?

ZELIE : Que je ne suis pas la voleuse !

MAMAN : Bon, j’attends l’appel de Thomas. J’espère que Papa sera rentré avant ! Je dis quoi à Papa ?

ZELIE : La vérité : que je ne suis pas la coupable.

MAMAN : Bon, on verra après l’appel de Thomas. En attendant, tu vas faire tes devoirs comme d’habitude.

Zélie part dans sa chambre pour faire ses devoirs. Elle s’installe à son bureau, mais, désappointée, le cœur n’y est pas. Parce qu’elle est vraiment la voleuse et qu’elle se sait démasquée ? Ou parce qu’elle n’est pas la coupable et que son maître l’accuse ?

Elle entend son père rentrer. D’habitude, il vient très vite la voir après avoir embrassé sa femme. Mais ce soir, elle comprend que sa mère lui explique ce que Zélie lui a appris.

Puis le petit coup habituel sur la porte et il entre. Aussitôt, Zélie se jette dans ses bras et ses sanglots reviennent.

 

PAPA : Bonsoir ma Zélie, Maman m’a raconté ce qui t’arrive. Je ne sais pas ce qu’il faut en penser. On attend l’appel de Thomas. On verra après. J’entends ce que tu ressens, mais tu dois comprendre qu’on veut tout savoir. J’ai envie de croire que tu n’es pas la voleuse.

ZELIE : Oui Papa. Je t’assure que je ne suis pas celle que Thomas désigne.

PAPA : Allez, tu fais tes devoirs. J’imagine qu’il va bientôt appeler. Veux-tu être avec nous quand on parlera avec lui ?

ZELIE : Non, maintenant, je le déteste !

PAPA : Je peux te comprendre, mais il raisonne avec les informations qu’il possède. Ce n’est pas facile pour lui, et le connaissant un peu, il a dû te le dire à contrecœur, à toi, une de ses meilleures élèves. Essaie de te mettre à sa place…

ZELIE : Mais ce n’est pas moi !!!

PAPA : Si ce n’est pas toi, qui serait le coupable ?

ZELIE : Je n’en sais rien.

PAPA : Alors, tu vois. A la place de Thomas, tu aurais désigné l’élève qui déteste Victor et qui est sorti de la classe bien après les autres.

ZELIE : Je comprends, mais ce n’est pas moi !

PAPA : Bon, à tout à l’heure Zélie.

 

Le père de Zélie ressort de la chambre. Peu de temps après, le téléphone sonne. Zélie entend les murmures de la conversation. Ses parents semblent rester calmes. Puis tout devient silencieux. Zélie pense que ses parents chuchotent quelque part dans la maison. Puis elle les entend approcher de sa chambre. Son cœur bat fort. Elle craint qu’ils croient Thomas et que des sanctions tombent. Le petit coup habituel sur la porte et ils entrent. Ils s’assoient sur son lit.

 

MAMAN : Bon, Zélie, Thomas nous a appelé. Il est très embêté car tu fais partie des meilleurs de la classe. Il semble même déçu. Il a répété ce que tu nous as dit. Il a dit aussi qu’il avait fouillé toutes les affaires de Victor sans y trouver son stylo.

PAPA : Et je lui ai dit qu’il aurait été bien qu’il fouille tous les cartables des élèves. Il en a convenu, mais cela aurait pris beaucoup de temps a-t-il dit.

ZELIE : Oui, et n’importe qui aurait pu le mettre dans ses habits, sa veste ou l’avoir jeté quelque part dans la cour.

PAPA : Tout cela est vrai. Mais n’oublie pas qu’on peut se demander à qui profite ce vol ! A celui ou celle qui a dérobé le stylo de Victor.

MAMAN : Alors, nous, on a pris une décision.

ZELIE : Laquelle ?

MAMAN : Nous, on trouve que Thomas t’accuse un peu trop rapidement.

ZELIE : Ah ! Quand même !

PAPA : Par exemple, s’il avait fait le tour de tous les cartables et des habits aux portes manteaux, son accusation se comprendrait mieux, et puis, comme tu le dis, celui qui a fait cela aurait pu le cacher ailleurs. Mais toujours est-il qu’il y a un voleur dans la classe.

ZELIE : Ce n’est pas moi. Mais c’est quoi, votre décision ?

MAMAN : Que pour l’instant, on ne peut pas dire que tu es la voleuse tant qu’on n’a pas retrouvé le stylo.

ZELIE : Mais on ne le retrouvera plus !

PAPA : On a proposé à Thomas d’en parler dès demain matin à toute la classe. A toi, on te demande d’observer le comportement des élèves. Si tu n’es pas la coupable, peut-être que l’un des élèves aura un comportement inhabituel ?

MAMAN : Cela te va ?

ZELIE : Je préfère comme cela. Mais je ne suis pas sereine. Si personne ne se dénonce, ou si on ne trouve pas le stylo, cela va retomber sur moi !

PAPA : On verra bien.

ZELIE : Alors, pour vous, je suis coupable ou pas ?

PAPA : Comment peut-on le savoir. On veut bien te croire, mais on connait aussi la haine que tu portes contre Victor ; et la haine peut amener à des gestes ou des propos démesurés…

ZELIE : Ce n’est pas gagné !

PAPA : C’est vrai, maintenant tu dois prendre conscience que cette haine ne t’est pas favorable. Sans elle, aujourd’hui, tu serais plus tranquille. Il faut assumer !

MAMAN : Bon, maintenant, on va diner. Tu nous rejoins à table. Et on n’en parle pas devant Arthur, n’est-ce pas ?

ZELIE : Oui Maman.

Les parents quittent la chambre. Peu de temps après, Zélie les rejoint à table, maussade. Puis elle repart dans sa chambre pour bâcler les devoirs qu’elle n’a pas envie de faire et se couche. Ses parents viennent l’embrasser pour la nuit et lui proposer d’être sereine, ce qui lui est impossible. Elle trouve le sommeil après un long moment à ruminer ce qui lui arrive.

Le lendemain matin, elle peine à avaler le petit déjeuner et sans enthousiasme, sort de la maison pour rejoindre Léa, sa bouée de sauvetage

 

LEA : Bonjour Zélie. Alors, comment cela s’est passé ?

 

Zélie explique à Léa les échanges d’hier soir.

 

LEA : Alors, rien n’est perdu. On va voir ce matin le regard de Thomas sur nous parce que je suppose que Mathieu et moi sommes aussi dans sa ligne de mire.

ZELIE : Oui, mais pour l’instant, je suis sa coupable !

LEA : D’accord, mais si Thomas fait comme l’a proposé ton père, on aura peut-être des indices pour trouver le vrai coupable.

ZELIE : On a intérêt à le trouver sinon, je reste dans le collimateur de Thomas.

LEA : On trouvera ! Souviens-toi, quand Hamis avait disparu, Thomas nous avait dit que nous étions de bons détectives.

ZELIE : Oui, mais n’empêche qu’on n‘avait pas trouvé la véritable raison de sa disparition.

LEA : C’est vrai, mais nous sommes quand même de bons détectives. Je suis certaine qu’on va trouver le coupable.

ZELIE : J’aimerais tant te croire… Je suis désespérée.

LEA : Je comprends. Alors, je vais te proposer une piste : et si Victor, après t’avoir vue sortir bien après nous, avait caché lui-même le stylo pour faire croire à un vol et t’accuser facilement ?

ZELIE : Pourquoi pas ? Mais Thomas a dit qu’il avait bien regardé dans le cartable de Victor.

LEA : Mais il n’a pas fouillé ses poches ni sa veste pendue au porte-manteau ? Un stylo est très facile à cacher. Il a peut-être même suggéré à Thomas de te désigner.

ZELIE : Admettons que cette piste soit la bonne, comment le prouver aujourd’hui ? Victor est reparti avec son stylo et l’a laissé chez lui. Même si on fouillait toute l’école, on ne pourrait pas le retrouver !

LEA : C’est vrai. Alors, quand Thomas en parlera ce matin, il faudra bien regarder le visage de Victor. Même pendant la récréation, il faudra qu’il sache qu’on l’observe.

 

Tout en parlant, les voilà arrivés devant l’école où les attend Mathieu impatient de les voir.

 

MATHIEU : Bonjour les filles !

LEA : Bonjour Mathieu.

ZELIE : Bonjour Mathieu…

MATHIEU : Comme moi, vous avez dû passer une soirée maussade ?

ZELIE : Ah oui !

MATHIEU : J’ai une idée !

ZELIE : Ah, laquelle ?

MATHIEU : Et si Victor l’avait oublié chez lui hier matin ?

ZELIE : Bon sang, on n’y avait pas pensé ! Et Thomas non plus, peut-être.

LEA : Impossible, je l’ai vu l’utiliser hier matin.

MATHIEU : Zut ! fausse piste.

ZELIE : Mais c’est bien d’y avoir pensé.

MATHIEU : Alors, j’en ai une autre.

LEA : On t’écoute

MATHIEU : Et s’il était perdu quelque part dans la classe ?

LEA : Désolé, Mathieu, je ne suis pas très loin de lui, et je le vois toujours le ranger dans sa trousse avant de sortir.

ZELIE : Pas étonnant qu’il ne le laisse pas sur la table. Il a trop peur qu’on le lui prenne en passant. Il y tient tellement qu’il le range dans sa trousse.

LEA : Et c’est vrai qu’il remet à chaque fois sa trousse dans son cartable. Comme cela, Il est encore plus difficile à prendre.

ZELIE : Et comme je suis restée longtemps hier matin à chercher mon biscuit, c’est très facile de m’accuser !

MATHIEU : Ce n’est vraiment pas de chance !

LEA : Ecoutez. Je propose de rentrer, d’observer les têtes des autres, de voir ce qui va se passer avec Thomas, et à la récréation, on décide d’un plan.

MATHIEU : D’accord Léa.

ZELIE : En tout cas, vous êtes de chouettes amis. Merci à vous deux.

A peine les trois amis sont-ils entrés dans la cour que la sonnerie ordonne le rangement des élèves par classe. Ils entrent, s’assoient et attendent les premiers mots du maître, comme tous les jours.

 

THOMAS : Bonjour à tous. Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’un événement qui s’est passé hier matin.

ELEVE : Que s’est-il passé hier ?

ELEVE : C’est dans l’école ?

THOMAS : Oui c’est dans l’école. C’est surtout dans notre classe.

ELEVE : Dans notre classe ? Mais tout était comme d’habitude !

THOMAS : Oui, cela ne s’est pas vu, mais cela s’est produit. Il y a eu un vol.

ELEVE : Un vol ! Mais qu’est-ce qui a été volé ?

THOMAS : Un stylo.

ELEVE : Ah, c’est surement celui de Victor. Il est trop beau !

THOMAS : C’est effectivement celui de Victor. Qu’il soit beau ou non, il a disparu.

ELEVE : Ben, moi, si j’avais un beau stylo comme cela, je ne l’amènerais pas ici. J’aurais trop peur qu’on me le vole.

ELEVE : Moi, cela me ferait plaisir de monter aux autres que j’ai un beau stylo.

THOMAS : Je reprends : le stylo de Victor a disparu. Je demande à celui ou celle qui le lui a dérobé de le rende. Il suffit de me le donner et je le rapporterai à Victor sans lui dire qui le lui a pris. Je dois l’avoir au plus tard demain matin. Je ne ferai rien au voleur. Après, je serai obligé de sévir et de le noter sur son carnet scolaire. Maintenant on va commencer le cours.

 

A la fin de l’intervention de Thomas, Victor s’est mis à pleurer. Pendant le cours, les trois amis continuaient à observer les comportements des élèves sans rien remarquer de particulier.

A la récréation :

 

MATHIEU : Vous avez vu ? Victor a pleuré. On a l’impression qu’il regrette la disparition de son stylo.

LEA : Ou qu’il regrette de l’avoir amené pour frimer devant les autres.

ZELIE : C’est tout Victor : vouloir crâner devant les autres avec son beau stylo.

MATHIEU : C’est quand même vrai qu’on aimerait tous avoir le même !

ZELIE : Dans ce cas, je le laisse chez moi !

LEA : Bon, qu’avez-vous remarqué ?

ZELIE : On a imaginé que Victor l’avait peut-être caché lui-même. Et si ses pleurs étaient des regrets de voir l’un d’entre nous accusés ?

MATHIEU : Ben, si c’est nous, il va plutôt être content !

ZELIE : C’est le moins qu’on puisse dire.

LEA : Alors, avec cette hypothèse on est toujours dans une impasse.

MATHIEU : Et si on allait le voir pour lui dire qu’on compatit ?

LEA : Mathieu ! On se déteste !

MATHIEU : Et bien justement. Supposez que le stylo ait vraiment disparu et qu’il te croie coupable, surpris de notre démarche, il va probablement te traiter de voleuse. On verra bien son comportement !

ZELIE : Et s’il reste calme ?

MATHIEU : Je lui demanderais s’il connait le coupable.

LEA : Et s’il dit qu’il ne sait pas ?

MATHIEU : J’aurais envie de lui demander s’il pense que c’est nous. Et s’il répond non, j’irais le dire tout de suite à Thomas.

ZELIE : Et s’il dit oui ?

MATHIEU : Au moins, on saura ce qu’il pense.

ZELIE : Pas mal. Dans ce cas, faudrait-il que Thomas nous voie lui parler ?

LEA : Ce serait bien.

 

S’assurant que Thomas peut les voir, s’encourageant l’un l‘autre, les trois amis se dirigent vers le groupe de Victor.

 

LEA : Ecoute Victor, on ne s’aime pas beaucoup, mais on voudrait te dire qu’on n’apprécie pas ce vol.

 

Victor se remet à pleurer

 

VICTOR : J’étais si fier de ce stylo. C’était un cadeau de mon père pour que je pense à lui quand il est en déplacement. Qu’est-ce que je vais lui dire, maintenant ?

MATHIEU : Tu vas le retrouver avant son retour.

VICTOR : Comment vous le savez ? C’est vous qui me l’avez pris ?

ZELIE : Pas du tout. Tu nous accuses ?

VICTOR : Je n’en sais rien. Je suis surtout triste de faire de la peine à mon père.

ZELIE : Veux tu qu’on t’aide à le retrouver ?

VICTOR : Pourquoi vous allez m’aider alors que vous me détestez ?

LEA : Par exemple pour prouver que ce n’est pas nous.

VICTOR : Si c’est vous, cela va être facile de le retrouver !!!

ZELIE : Je te jure que ce n’est pas nous.

VICTOR : Ben, c’est facile de le dire. Comment je peux vous croire ?

ZELIE : Si c’était nous, tu crois qu’on serait venu te voir ?

VICTOR :  Pourquoi pas ? Ne serait-ce que pour me narguer. Pour tenter de me convaincre que ce n’est pas vous.

MATHIEU : Parce que tu crois que c’est nous ?

VICTOR :  Bien sûr que c’est vous, vous me détestez, et vous me l’avez dit en arrivant.

LEA : C’est vrai qu’on n’aime pas les choses que tu fais. Mais ce n’est pas nous.

VICTOR : Alors pourquoi Zélie s’est attardée hier matin dans la classe ?

ZELIE : Parce que je ne retrouvais pas mon biscuit !

VICTOR : Cà, c’est un prétexte pour me voler mon stylo.

ZELIE : Je ne sais pas comment te prouver le contraire.

VICTOR : Eh bien, tu vois ! Tu viens de me dire que tu es coupable.

ZELIE : Non, je viens de t’expliquer pourquoi je suis sortie plus tard que les autres.

MATHIEU : Victor, peut-être que quelqu’un d’autre est rentré dans la classe après ZELIE :  pour te le prendre.

VICTOR : Non ce n’est pas possible !

LEA : Et pourquoi ?

VICTOR : Parce que je n’ai vu personne entrer pendant la récréation.

MATHIEU : Et tu avais toujours les yeux rivés sur l’entrée du bâtiment ?

VICTOR : Non, mais je n’ai vu personne entrer.

ZELIE : D’où vous êtes souvent dans la cour, tu ne peux pas distinguer facilement la porte d’entrée !

MATHIEU : Ah oui, c’est vrai.

VICTOR : Bon, d’accord.

LEA : Donc, un élève a pu entrer sans que tu le voies.

ZELIE : Alors, crois-tu toujours que je suis la voleuse de ton stylo ?

VICTOR : Pour l’instant, je n’ai pas d’autre solution…

LEA : Ce n’est pas possible !

Les trois amis quittent Victor, dépités qu’il s’acharne sur la culpabilité de Zélie.

 

LEA : Moi, je crois que Victor est sincère sur la perte de son stylo. Qu’en pensez-vous ?

MATHIEU : Ses pleurs semblent le confirmer.

ZELIE : Et il n’est pas sur ses gardes comme s‘il avait organisé le coup lui-même.

MATHIEU : On peut donc confirmer la piste du vol.

ZELIE : Vous pensez que quelqu’un aurait pu s’introduire pendant la récréation ?

MATHIEU : Cela me parait difficile !

LEA : Si, au contraire, c’est facile !

ZELIE : +

MATHIEU : Hein ?

LEA : Je vais vous le montrer…

 

Léa se dirige vers les maîtres qui font la surveillance, leur parle, puis se dirige vers l’entrée. Elle en ressort trois minutes plus tard. Pendant ce temps :

 

ZELIE : J’ai compris ! Elle a informé qu’elle allait aux toilettes !

MATHIEU : Et au lieu d’y aller, elle peut très bien se diriger vers la salle de classe !

ZELIE : Voilà comment cela s’est déroulé ! Mais qui l’a fait ?

MATHIEU : Comment le savoir ? Qui peut le savoir ?

ZELIE : Les maîtres … et celui qui a volé.

 

Léa est revenue.

 

LEA : Alors, que pensez-vous de ma démonstration ?

MATHIEU : Elle est convaincante.

LEA : Je vous propose d’en parler à Thomas.

ZELIE : Oh oui ! Et je t’assure que cela me fait du bien de savoir qu’on peut trouver une autre solution que ma culpabilité !

 

La sonnerie retentit.

 

MATHIEU : On le fera donc après de déjeuner…

 

Après le cours puis le déjeuner, le trio se dirige vers Thomas.

 

ZELIE : Thomas, on peut te parler ?

THOMAS : Bien sûr. J’ai vu que vous aviez échangé avec Victor.

ZELIE : Oui et il n’y a pas que cela.

THOMAS : Oh mais vous m’intéressez ! Mais comme vous détestez Victor, j’ai été surpris de votre démarche. D’ailleurs, elle est tout à votre honneur si vous n’êtes pas la cause de la disparition du stylo. Peut-être avez-vous essayé de détourner son attention…

ZELIE : Ce n’est pas moi ! Je le jure.

THOMAS : Tu n’as pas besoin de le jurer. Si ce n’est pas toi, qui est-ce ?

LEA : Puisque Victor nous déteste aussi, on avait pensé qu’il avait fait croire à un vol pour nous accuser.

MATHIEU : Mais il semble tellement sincère et dépité de la disparition qu’on pense que son stylo a vraiment disparu.

THOMAS : D’accord, et qui aurait fait cela ?

LEA : Pendant la récréation du matin, je suis venue te dire que je souhaitais aller aux toilettes. Je suis rentrée dans le bâtiment, et au lieu d’aller aux toilettes, je me suis dirigée vers la salle de classe, la porte était ouverte pour l’aération, j’ai attendu environ une minute puis le suis ressortie. J’aurai donc pu dérober quelque chose.

THOMAS : Effectivement.

ZELIE : Alors, hier matin, qui est allé aux toilettes ?

THOMAS : Personne, sauf erreur.

LEA : Et les autres maîtres ?

THOMAS : J’étais tout seul… Désolé, Zélie.

MATHIEU : Mais tu es sûr d’avoir toujours eu l’œil sur la porte d’entrée ?

THOMAS : Où je suis, elle est facile à contrôler.

MATHIEU : Mais il y a bien un moment où tu ne la regardes pas !

THOMAS : Admettons cela. Un élève pénètre quand j’ai le dos tourné. Et comment ressort-il ? Comment peut-il savoir si je regarde ailleurs ? C’est trop dangereux pour lui.

ZELIE : Zut, zut, zut !

 

Décomposé, le trio s’éloigne de Thomas.

MATHIEU : A chaque fois qu’on a une piste, elle n’est pas bonne !!!

ZELIE : Prête à pleurer :

Aux yeux de Thomas, je reste la coupable…

LEA : Je te l’ai dit hier, Zélie, puisque ce n’est pas toi, il faut qu’on trouve qui a réalisé ce forfait.

ZELIE : Vous me croyez bien que ce n’est pas moi ?

MATHIEU : Bien sûr Zélie ! Tout ce que l’on fait est toujours discuté entre nous avant d’y procéder. C’est évident que ce n’est pas toi.

ZELIE : Merci Mathieu !!! Et toi Léa, j’ai besoin de le savoir.

LEA : Pareil

ZELIE : Juste pareil ?

LEA : Si c’était toi, cela voudrait dire que tu as pris le risque qu’on te rejette le jour où on le découvrira.

ZELIE : C’est vrai… Merci Léa. Maintenant, il faut trouver une nouvelle piste.

MATHIEU : Au fait, avez-vous remarqué un comportement inhabituel parmi les autres ?

LEA : J’ai complètement oublié !

ZELIE : Moi aussi…

MATHIEU : Pas mieux…

 

La sonnerie appelle les élèves vers les classes pour les derniers cours de la journée. A la sortie :

 

MATHIEU : Ben, pour l’instant, on n’a plus d’idées de pistes possibles. Toutes celles que nous envisagions n’étaient pas correctes.

ZELIE : Effectivement, pour Thomas, je reste donc la coupable.

MATHIEU : Comme on sait que tu n’es pas la coupable…

ZELIE : Merci Mathieu !

MATHIEU : … on va bien trouver qui a volé le stylo de Victor.

LEA : Il faudra bien qu’on le trouve. La soirée avec nos parents et la nuit va certainement nous aider.

Comme à toutes les sorties de classe, Mathieu part de son côté.

En chemin, Zélie tombe en pleurs. Elles s’arrêtent. Léa la prend dans ses bras.

 

LEA : Tu sais, je ne voudrais pas être à ta place ! Je ne te l’ai pas dit, mais mes parents sont eux aussi persuadé que tu ne peux pas être une voleuse. J’ai bien vu qu’ils sont embêtés pour toi.

ZELIE : Merci Léa. Mes parents, eux, ont un doute !

LEA : Il faut se mettre à leur place, Zélie. Pour eux, c’est comme un choc que tu sois accusée parce que les autres adultes vont les considérer comme les parents d’une voleuse. Ce ne doit pas être agréable pour eux quand ils vont chercher le pain à la boulangerie. Ils doivent certainement sentir le regard accusateur des autres. Et pour ces autres, la petite fille modèle n'est en réalité qu’une chipie !

ZELIE : Oui, je comprends cela, mais c’est très dur à vivre !!!

LEA : Ecoute, nous on est persuadé que ce n’est pas toi, et on va bien trouver qui a fait ce mauvais tour. Et peut-être que Thomas a déjà le stylo de Victor dans les mains ?

ZELIE : J’aimerais tant !

LEA : On va le savoir demain.

 

Les deux amies se séparent et pénètrent dans leur maison respective.

 

MAMAN : Bonjour Zélie ! Alors comment s’est passée la journée.

ZELIE : Mal, Maman.

MAMAN : Alors, je crois que le stylo n’est pas réapparu et que tu es toujours considérée comme la coupable…

ZELIE : C’est cela. Mais ce n’est pas moi !!!

MAMAN : Avec Papa, on pense que ce n’est pas toi.

ZELIE : Vous pensez, vous n’en n’êtes pas sûrs ! Finalement, vous vous dites que je pourrais quand même être une voleuse.

MAMAN : Non ce n’est pas cela…

ZELIE : Alors cela manque de conviction !

MAMAN : …Je vais t’expliquer. On s’est plutôt dit qu’il ne serait pas logique que tu voles le stylo de Victor, même si ce stylo est merveilleux comme tout le monde semble le penser…

ZELIE : J’aime mieux cela !

MAMAN : …Bien sûr. Si tu avais voulu un stylo identique, tu nous l’aurais demandé…

ZELIE : Et vous l’auriez refusé !

MAMAN : …. Probablement parce qu’on aurait discuté ensemble sur l’intérêt d’avoir un stylo aussi cher.

ZELIE : C’est vrai que je n‘ai pas besoin de cela. Je ne vois pas l’intérêt de frimer.

MAMAN : Et voilà. Et tu sais pourquoi tu n’as pas besoin de frimer ?

ZELIE : Non, je ne vois pas.

MAMAN : Il me semble que tu n’as pas besoin de cela pour être heureuse. Ton bonheur se trouve, sauf erreur, avec nous et surtout avec tes deux amis. Ensemble, vous vous entendez si bien. Cela ne te suffit-il pas ?

ZELIE : Oui c’est vrai.

MAMAN : Alors, tu vois ! Mais il y a une autre raison qui aurait pu expliquer que tu aies joué un mauvais tour à Victor.

ZELIE : Parce que je le déteste ?

MAMAN : Exactement. Et cela fait une raison idéale pour t’accuser !

ZELIE : Mais ce n’est pas moi !!!!

MAMAN : Papa et moi en sommes convaincus.

ZELIE : Ouf ! Et pourquoi ?

MAMAN : Pour une raison bien simple : tu l’aurais volé parce que Victor t’aurait fait quelque chose qui t’aurait fortement déplu au point de lui rendre un mauvais coup. Et cela se serait vu sur ta tête les jours précédents… Et ces jours précédents, tu étais comme d’habitude : gaie, rieuse. Heureuse. Voilà ce que nous avons déduit.

ZELIE : (Se jetant dans les bras de sa mère, et tombant de nouveau en pleurs) Oh merci Maman. Cela me fait un grand bien de savoir que vous me croyez !

 

Après un instant :

 

ZELIE : Et maintenant, on fait quoi ?

MAMAN : Demain soir, si le stylo n’est pas réapparu, on appellera Thomas pour lui expliquer tout cela.

ZELIE : Et pourquoi pas ce soir ? Cela me soulagerait tellement. Sinon je vais encore passer une mauvaise nuit ; et demain en cours, j’aurai encore des difficultés à me concentrer comme aujourd’hui.

MAMAN : D’accord, on l’appelle ce soir. J’attends juste que Papa soit revenu pour qu’on le fasse ensemble. Voudras-tu écouter la conversation ?

ZELIE : Oui, Maman. Encore merci. Je me sens déjà mieux !

MAMAN : En attendant, je te laisse faire tes devoirs et je t’appellerai pour le coup de fil.

ZELIE : A tout à l’heure, Maman.

Zélie s’installe dans sa chambre, rassérénée, elle fait ses devoirs avec un meilleur enthousiasme. Puis, elle entend le retour de son père. Après quelques minutes, elle est appelée et part les rejoindre.

 

PAPA : Bonsoir ma Zélie. Maman m’a expliqué et on appelle Thomas immédiatement.

ZELIE : Génial ! Merci, merci, merci !!!

PAPA : Allez, c’est parti !

 

Pendant la conversation téléphonique avec Thomas, les parents expliquent pourquoi Zélie, selon eux, ne peut pas être la coupable et expriment leur mécontentement pour le mauvais tour fait à Victor, tout en disant qu’une classe n’est peut-être pas le lieu pour exposer un objet aussi cher.

Pendant le repas :

 

ZELIE : Ce n’est pas le pain habituel !

MAMAN : Tu as remarqué !

ZELIE : Tu ne l’as pas acheté à notre boulangerie ?

MAMAN : Non, j’ai profité de courses ailleurs pour l’acheter dans une autre boulangerie.

ZELIE : Tu as eu peur du regard des autres parents ?

MAMAN : C’est un peu cela aussi…

ZELIE : Je suis désolé, Maman. Je comprends que ma haine pour Victor a de fâcheuses conséquences. Je ne m’en rendais pas compte.

MAMAN : C’est bien que tu le comprennes. Je te félicite.

ZELIE : Finalement, s’est stupide de se haïr !

MAMAN : Oh, comme je t’approuve !

PAPA : Et moi aussi.

MAMAN : Est-ce que ce ne serait pas le moment de vous réconcilier ?

ZELIE : Je ne vous l’avais pas dit, mais avec Léa et Mathieu, on est allé voir Victor pour lui dire qu’on était désolé pour la disparition de son stylo.

PAPA : Oh mais c’est très bien ! Et qu’a-t-il répondu.

ZELIE : Qu’il est persuadé que je suis la voleuse.

PAPA : Quand on aura retrouvé le stylo, je suis certain que tout s’arrangera au mieux.

ZELIE : Et si on ne le retrouve pas ?

MAMAN : Alors, comment pourrait-on savoir à qui peut profiter ce vol ?

ZELIE : Je n’en sais rien, moi !

PAPA : A ton avis, y a-t-il eu un envieux ?

ZELIE : Beaucoup auraient bien aimé posséder ce stylo.

MAMAN : Beaucoup ?

ZELIE : J’en vois au moins dix.

MAMAN : Cela fait effectivement beaucoup. Il faut qu’il soit vraiment beau !

PAPA : L’un d’entre vous a-t-il eu un souci avec son stylo pour prendre celui d’un autre, celui de Victor ?

ZELIE : Dans ces cas-là, il demande si quelqu’un peut lui prêter un stylo. On est plusieurs à avoir un stylo de rechange.

 

Un temps de silence…

 

ZELIE : Alors, vous ne me croyez plus coupable ?

PAPA : Non Zélie, on possède tous les arguments. Et puis, pour t’accuser, il faut le prouver.

ZELIE : Thomas a des preuves !

MAMAN : Ce ne sont pas des preuves. Ce sont des présomptions, des hypothèses

ZELIE : Cela change quoi ?

MAMAN : Une preuve est incontestable, elle correspond à quelque chose de réel. Par exemple, si Thomas avait trouvé le stylo de Victor dans ta main, ce serait une preuve.

ZELIE : Dans mon cartable aussi.

MAMAN : Pour l’instant, c’est une présomption car le coupable peut être toi-même, ou un camarade de classe pour te faire accuser. Pour enquêter, on doit suivre les deux hypothèses. Et peut-être qu’il y en a une troisième…

ZELIE : Alors, je suis quoi ?

PAPA : Tu es présumée coupable

ZELIE : Je suis perdue. Vous, vous en pensez quoi ?

PAPA : Que Thomas se trompe.

ZELIE : Ah ! J’ai eu de nouveau peur…

Faute d’autres idées, la conversation se déroule sur d’autres sujets. Puis vient le coucher, le sommeil, le petit-déjeuner, et enfin le départ vers l’école. Zélie et Léa se retrouvent. En chemin, Zélie exprime à Léa son soulagement de savoir ses parents « dans son camp », l’échange téléphonique avec Thomas, et les tentatives de recherche au cours du dîner. Elles retrouvent Mathieu à l’entrée de l’école qui a le droit aux mêmes explications par une Zélie un peu plus enthousiaste que la veille.

 

MATHIEU : Finalement, la nuit ne nous a pas apporté de conseils, mais tu as l’appui de tes parents. Cela doit être plus agréable pour toi !

ZELIE : Je te confirme ! Et je me sens beaucoup mieux qu’hier, prête à affronter le regard de Thomas.

Au fait, en discutant hier avec mes parents, j’ai pensé que notre haine pour Victor est peut-être stupide. Qu’en pensez-vous ?

MATHIEU : Quoi, stupide ? Non, mais tu as vu comme il nous nargue ? Ne serait-ce qu’avec son stylo ?

LEA : C’est vrai, Mathieu. Mais en réagissant comme cela, on fait son jeu.

MATHIEU : Et pourquoi fait-on son jeu ?

LEA : Parce que cela lui prouve son importance.

ZELIE : Oui, Mathieu, si nous ne lui montrons pas notre désapprobation, ou si nous montrons une indifférence, cela lui donnerait moins de valeur.

MATHIEU : Effectivement. Je comprends. Alors, on fait quoi, maintenant ?

 

La sonnerie retentit.

 

LEA : On rentre en classe…

MATHIEU : Avez-vous remarqué : Thomas a le sourire !

ZELIE : Bonjour Thomas. Tu souries. Tu as donc retrouvé le stylo ?

THOMAS : Désolé, Zélie, j’ai eu une très bonne nouvelle dans ma famille.

MATHIEU : Ah non !!! Je suis sûr qu’il n’a pas retrouvé le stylo…

LEA : Ça commence mal…

 

Après la mise en rang, tous les élèves pénètrent dans la classe.

THOMAS : Bonjour à tout le monde. Pour commencer, je vous annonce que j’ai trouvé un stylo sur mon bureau ce matin en arrivant.

 

Il le montre.

 

THOMAS : Le voici.

VICTOR : C’est le mien !!! Ô je suis content de l‘avoir retrouvé !

ELEVE : Mais, Thomas, qui l’a posé sur ton bureau ?

THOMAS : Je ne le sais pas. Il était là quand j’ai pénétré dans la classe.

 

Les trois amis n’en croient pas leurs yeux et se regardent en exprimant leur soulagement et la fin d’un cauchemar.

 

ELEVE : N’empêche qu’il y a une voleuse dans la classe !

LEA : Pourquoi une voleuse ?

ELEVE : Tout le monde a bien compris que c’est Zélie !

ZELIE :  Non !!! Ce n’est pas moi !

THOMAS : On s’arrête là. Je comprends vos émotions et je respecte ce que j’avais dit : le stylo est revenu et je ne sais pas qui a fait ce mauvais tour. Je vous demande de n’accuser personne sans preuve.

 

Thomas enchaîne immédiatement sur le cours. Zélie est de nouveau embêtée pour ce qu’elle a entendu à son sujet, comme si le cauchemar se poursuivait. A la récréation du matin :

 

ZELIE : Je suis encore accusée. Comment sortir de là ?

LEA : Ecoutez, Thomas a trouvé le stylo en arrivant. Normalement, la classe est fermée à clé !

MATHIEU : Alors c’est lui, puisque lui seul peut l’avoir déposé.

ZELIE : Lui ? Mais ce n’est pas possible ! Pourquoi aurait-il fait cela ?

MATHIEU : Pour montrer à Victor que c’est imprudent d’apporter un si beau stylo en classe.

ZELIE : Dans ce cas, pourquoi m’aurait-il accusée ?

LEA : Mais oui, il ne t’aurait pas accusée ! Et Thomas lui en aurait parlé avant pour le dissuader de l’apporter en classe.

MATHIEU : Il en peut-être parlé et Victor a refusé de l’écouter.

LEA : Thomas ne peut pas avoir fait cela à Victor et accuser Zélie. Cela ne va pas ensemble !

ZELIE : Ou bien le voleur l’a déposé dans sa boite aux lettres hier après l’école.

LEA : Encore une autre hypothèse.

ZELIE : Moi, je vais questionner Thomas.

Les trois se dirigent vers Thomas.

 

THOMAS : Alors, Zélie, tu es rassurée ?

ZELIE : Non puisqu’on m’accuse encore.

THOMAS : Je suis désolé. J’ai réfléchi trop vite.

ZELIE : Les autres aussi !

THOMAS : C’est vrai, mais avoue que votre haine pour Victor fait tourner les têtes vers vous trois, et surtout toi, Zélie parce que tu es sortie tardivement de la classe.

LEA : Je suis certaine que ce n’est pas Zélie ! Le stylo était vraiment sur ton bureau quand tu es entré dans la classe ?

THOMAS : Oui, bien sûr.

LEA : Ou tu l’as trouvé dans ta boite aux lettres hier soir ?

THOMAS : Non, il était bien sur mon bureau ce matin. Où voulez-vous en venir ?

LEA : On voudrait que cessent les accusations sur Zélie.

MATHIEU : La porte de la classe est fermée à clé quand tu arrives ?

THOMAS : Non

MATHIEU : Alors un camarade aurait pu venir le déposer avant ton arrivée. Il faudrait savoir qui était présent avant tout le monde.

THOMAS : S’il vient déposer le stylo et reste dans la cour, il n’est pas bien malin ! Il est certainement ressorti de la cour pour revenir comme d’habitude.

ZELIE : Alors on ne saura pas qui a fait cela, et moi, je vais toujours passer pour une voleuse !

LEA : Thomas, pourquoi la salle n’est pas fermée à clé quand tu arrives ?

THOMAS : Parce que l’homme de ménage est passé avant moi et laisse la porte ouverte pour l’aération de la classe.

LEA : Et si c’était lui qui l’avait trouvé et remis sur ton bureau ?

THOMAS : Vous pensez que Victor aurait égaré son stylo par un moment d’inattention, alors qu’il y tient tellement ?

ZELIE : Et pourquoi pas ?

THOMAS : Effectivement. Je vais lui mettre un mot. Nous aurons sa réponse demain matin.

ZELIE : S’il te plait, Thomas, tu ne pourrais pas l’appeler tout de suite ? C’est important pour moi !

THOMAS : D’accord !

 

Thomas s’écarte pour appeler l’homme de ménage. Les trois amis l’observent et scrutent son visage. Thomas remet son téléphone dans la poche et revient vers eux.

 

THOMAS : Vous avez gagné ! Bravo les détectives ! Il a trouvé le stylo sous une armoire. Malgré toute l’attention de Victor, c’est incompréhensible ! Lui qui est si précautionneux !

LES 3 : Hourra !!!

Retour dans la salle de classe.

 

THOMAS : Maintenant que tout le monde est assis, je vous dois une information. Le stylo que Victor a eu le plaisir de retrouver n’a pas été rapporté par l’un d’entre vous comme je le pensais…

ELEVE : Par qui alors ?

THOMAS : Il a été retrouvé sous cette armoire (Thomas la désigne de sa main) par notre homme de ménage. Il se trouve que cette armoire est très proche de la place de Victor. Qu’en penses-tu, Victor ?

VICTOR : Maintenant, je me souviens de quelque chose…

THOMAS : Ah oui ? Accepterais-tu de nous le dire ?

VICTOR : Oui, bien sûr. Avant-hier, à la récréation du matin, j’étais pressé de sortir. J’avais une forte envie… enfin, vous me comprenez… Alors, je me suis levé précipitamment en renversant bêtement mon cartable. Je l’ai remis dans sa position normale sans vérifier la présence de mon stylo. C’est au retour de la récréation que je ne le retrouvais pas.

THOMAS : Et tu as cru qu’on te l’avait volé…

VICTOR : Oui. Et j’ai même cru que c’était toi, Zélie. Es-tu d’accord pour m’excuser ? J’ai vu à ta tête que tu étais fâchée d’être accusée pour rien.

ZELIE : Oui Victor, je t’excuse. Et même, j’aimerais qu’on ne se haïsse plus, si tu es d’accord. Je trouve que c’est stupide.

THOMAS : Mes enfants, vous venez d’assister à un magnifique dénouement, et je vous propose d’applaudir Zélie et Victor pour ce qu’ils viennent de se dire !

 

Toute la classe applaudit. Zélie et Victor en sont émus.

 

ZELIE : Je suis heureuse de savoir que plus personne ne me croira coupable.

LEA : Mais, Thomas, pourquoi on a tous pensé à un vol ?

THOMAS : C’est une excellente question ! Quelqu’un a une idée ?

ELEVE : Parce que c’était un objet cher ?

THOMAS : Cher, oui, mais surtout parce que presque tout le monde aurait souhaité avoir le même. Alors, sa disparition suscite immédiatement le fantasme du vol. On peut peser à une autre raison … qui vient de se résoudre.

MATHIEU : Parce que Victor et nous, nous nous détestions ?

THOMAS : Bravo Mathieu. Quand on pense qu’un problème peut profiter à quelqu’un, il est aussitôt suspecté. Ce fut le cas pour Zélie. Mais maintenant, j’ai compris que c’est résolu…

Et puis, il y a un principe important qu’on peut retenir de ce qui vient de nous arriver.

ELEVE : Lequel, Thomas ?

THOMAS : Quand on cherche une solution à un problème, il faut toujours faire attention aux conclusions qu’on veut en tirer. Des hypothèses ne suffisent pas pour conclure. Il faut toujours des preuves réelles et incontestables. Je voudrais aussi en profiter pour vous dire une autre chose : ici, en classe, ce n’est pas le lieu d’exposer des objets qui vous sont précieux et qui peuvent attiser la convoitise des autres. N’est-ce pas, Victor ?

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