ZELIE ET LE MYSTERE DE LA CHOUETTE DOREE
Zélie et Mathieu sont en vacances chez leurs grands-parents maternels. Depuis quelques années, ces derniers habitent dans un village médiéval qui les avait enchantés lors d’une visite touristique. Dans ce village il subsiste de nombreux édifices médiévaux et des maisons très anciennes qui ont résisté à l’épreuve du temps. Il faut dire que ce village est situé dans une zone qui a été peu fréquentée par les belligérants des différentes époques, et aussi parce que les bâtisses ont été solidement construites en pierre. C’est un beau village visité par quelques touristes. Il est très bien entretenu.
Ce village possède un vieux four à pain communal. Il était mis, à l’époque, à la disposition de toutes les familles du village. Chacun venait y cuire son pain. C’est un petit bâtiment sans étage, de plain-pied, aux murs de pierre sèche avec un toit de lourdes loses. Il ne comporte qu’une seule pièce. On y entre par une porte étroite, seule ouverture qui apporte la lumière dans la pièce. Au fond se trouve l’ouverture du four par laquelle on enfournait les pâtes à pain qui levaient sous l‘action de la chaleur apportée par la combustion du bois sous le plancher du four. Dans le village, on l’appelle le « fournil ».
Ce bâtiment possède une particularité : une chouette dorée repose dans une niche pratiquée sur le fronton au-dessus de la porte d’entrée. Ses dorures sont quelque peu altérées et ne brillent pas fortement sous le soleil, mais malgré l’atténuation de la dorure, la chouette se détache nettement de la pierre grise.
En passant régulièrement devant ce four collectif, Zélie se posa deux questions : pourquoi une chouette figure-t-elle à cet endroit, et pourquoi est-elle dorée ? Bien évidemment, elle questionna ses grands-parents qui ne surent lui répondre. Ils ne s’étaient jamais intéressés à ce détail, et selon eux, les habitants du village n’en n’ont jamais fait mention dans les conversations. Mais pourquoi ne pas essayer de comprendre l’origine de cette chouette dorée ? Pour cela il fallait enquêter et Zélie décida de s’y employer.
Mais comment procéder ?
Ses grands-parents lui proposèrent de commencer par interroger le maire. Le soir même, ils demandèrent un rendez-vous au premier magistrat de la commune. Heureusement, il put accorder un entretien pour le lendemain matin.
A la mairie
Le lendemain matin, Zélie se rendit à la mairie.
- Bonjour Monsieur le maire
- Bonjour Zélie. J’ai bien réfléchi à ta question, j’ai regardé dans les quelques livres sur la commune, j’ai aussi regardé sur internet, et je n’ai rien vu sur cette chouette. Je pensais que quelqu’un aurait écrit sur ce sujet, mais en vain. Néanmoins, je te propose de rencontrer Arthur Bador. Il est professeur d’’histoire au lycée, et il a peut-être une réponse, ou un début de réponse. Je t’ai écrit son numéro de téléphone sur ce papier.
Déçue, Zélie sortit de la mairie. Elle avait quand même une personne à contacter, laquelle pourrait peut-être la mettre sur un début de piste. Un professeur d’histoire est une bonne idée. Après tout, cette chouette est ancienne, donc historique…
Avec ses grands-parents, elle appela Mr Bador et laissa un message. Il était probablement en cours. Il rappela dans l’après-midi et accepta de voir Zélie le soir même chez lui. L’idée de trouver une explication lui plaisait. Il avait donc envie d‘aider Zélie.
A l’heure convenue, le professeur la reçut dans son salon.
Chez le professeur Bador
- Bonsoir Mr Bador. Merci de me recevoir après votre journée de travail.
- Bonsoir Zélie. Oh tu sais, ma journée n’est pas terminée. J’ai encore des copies à corriger et les cours de demain à préparer. J’aime bien ton envie de comprendre la signification de la chouette dorée. Moi-même, je ne m’étais pas prêté à ce jeu-là.
- Monsieur le maire m’a suggéré de vous contacter en tant qu’historien.
- Effectivement, avec mes connaissances de l’histoire générale, je pourrai peut-être t’aider.
- Merci Monsieur Bador.
- D’abord, il faut s’intéresser à la période de construction du bâtiment. As-tu une idée de la date ou du siècle de sa construction ?
- Aucune, mais il est très ancien. Du moyen âge peut-être ?
- Pourquoi pas ? On parle de l’époque médiévale. Mais la niche de la chouette dorée a-t-elle été réalisée à cette époque, ou le bâtiment aurait-il été modifié bien après ?
- Il y a un moyen de le savoir ?
- Oui, probablement. Il faudrait se plonger dans les archives, mais cela prendrait énormément de temps.
- Alors, on ne peut pas le savoir ?
- Si, peut-être. Avant de nous voir ce soir, j’ai fait un détour pour passer devant le four. J’ai bien regardé le fronton, et je n’ai pas vu de différences de pierres entre le tour de la niche et le reste du fronton. Il semblerait donc que la niche ait été réalisée avec le bâtiment.
- Ouf, c’est plus simple comme cela !
- Attention, Zélie, j’ai employé le conditionnel. Ce n’est que mon point de vue, et je ne suis pas un expert sur ces détails-là.
- Mais alors, on ne saura jamais !
- Et pourquoi pas ? Ce ne serait pas la seule chose de l’histoire qui resterait indéterminée. Plus on s’éloigne de notre époque, moins nous avons de documents écrits. Alors, on fait travailler notre imagination, et on essaie de trouver des explications logiques, sans certitude de leur véracité.
- Mais pour notre four ?
- Il faudrait demander à un architecte des bâtiments anciens. Tu pourrais contacter Aurélie Lotay de ma part. Elle a une maison de campagne dans le village d’à côté. On travaille parfois ensemble. Elle est plus experte que moi sur ces détails.
- Oh merci, Mr Bador ! Je la contacterai. Mais pour la chouette, si elle est vraiment médiévale, que faut-il en penser ?
- Attends, si la niche est médiévale, qui dit qu’elle a été faite pour y mettre une chouette ? On y a peut-être mis autre chose qui aurait été remplacé bien plus tard par cette chouette. Il y avait peut-être la statue d’un saint qui aurait pu être détruite à la révolution.
Mais que penser ?
- Eh bien, cela ne me surprendrait pas que la chouette ait été installée au moyen-âge où la sorcellerie était très répandue. Et tu sais que la chouette est l’amie des sorcières. D’ailleurs, on la rencontre dans « Harry Potter ». A cette époque, les gens craignaient les sorcières et les sorts qu’elles pouvaient leur jeter. Puis la chouette était considéré comme un oiseau de mauvais augures. On disait que la chouette était liée à la sorcellerie, et on pensait qu’elle était l'incarnation du diable, en partie à cause de son activité nocturne et de son cri lugubre. C’était de la pure superstition.
- Mais, la présence de cette chouette sur le fronton aurait pu faire peur aux habitants !
- Peut-être, mais la superstition induit parfois des choses curieuses. Cette chouette sur le fronton aurait pu tranquilliser les habitants qui voulaient montrer aux sorcières qu’ils avaient placé le four sous la protection de leur amie. Ainsi, les maudites sorcières n’auraient donc aucune raison de jeter un sort sur un outil essentiel à la subsistance du village. Les habitants se sentaient donc rassurés. Encore une superstition !
- Rassurés de quoi ?
- Oh, on peut imaginer plusieurs choses. Par exemple : que le pain soit toujours bon, que la farine se transforme bien, que le feu sous la sole n’incendie pas le bâtiment…
- Que la récolte de blé soit bonne ?
- Pourquoi pas. Bon, maintenant, je dois te laisser pour travailler. Es-tu satisfaite de notre échange ?
- Oh oui, Mr Bador, j’ai appris plein de choses. Et maintenant, je vais contacter Mme Lotay pour savoir si la niche a bien été réalisée en même temps que le bâtiment.
- C’est une bonne chose. Imagine qu’elle te dise que cette niche a été creusée bien après, les hypothèses que nous avons formulées risquent d’être erronées. Et puis, je te propose de questionner des anciens du village. Parfois, ils se transmettent de vieilles histoires.
- Vous savez qui je peux interroger ?
- Non, mais demande au maire. Il les connait tous.
- Merci Mr Bador. Je vais faire comme vous me le proposez.
- Parfait ! Au revoir Zélie
- Au revoir Mr Bador, et bon courage pour votre travail !
- Merci Zélie.
A cette heure-ci Zélie n’avait pas d’autres choses à faire que de rentrer chez ses grands-parents et leur rendre compte des nouvelles informations. Sur le champ, ils appelèrent le maire pour connaître la plus vieille personne de la commune qui pourrait se rappeler d’histoires anciennes concernant le village. Le maire, qui regretta de ne pas avoir pensé à cette idée, proposa de rencontrer La mère Finelle. C’est ainsi qu’on la nommait depuis des lustres. Tout le monde dans le village la connaissait sous cette appellation. Il n’était pas nécessaire de l’appeler pour prendre rendez-vous car elle ne sortait jamais de chez elle, hormis dans son jardin à la belle saison. Sa fille lui apportait les courses que sa mère écrivait clairement sur une liste. Elle était encore indépendante. Elle était surtout la mémoire du village.
Avec ses grands-parents, Zélie en profita pour appeler l’architecte conseillé par Mr Bador. Par chance, elle avait prévu de se rendre dans sa résidence secondaire. Zélie pût donc convenir d’un rendez-vous le samedi suivant devant le fournil.
Le lendemain, après un petit déjeuner bien apprécié, Zélie s’en alla chez la mère Finelle.
Chez la mère Finelle
- Bonjour Mme Finelle
- Bonjour ma petite, qui es-tu ?
- Je suis Zélie. Mes grands-parents habitent depuis quelques années dans le village. Je souhaiterais avoir quelques informations assez anciennes.- Alors, tu as frappé à la bonne porte ! Entre ma petite.
- En fait, je m’intéresse à la chouette dorée placée sur le fronton du fournil. Je me demande pourquoi une chouette est placée à cet endroit.
- Ecoute, Zélie, je suis née dans ce village. J’y ai toujours habité. Et je l’ai toujours connue à cette place-là. Je ne me suis jamais posé cette question. Et je suis bien embarrassée pour te répondre. Je crois même que c’est la première fois que je reste sans réponse !
- Et vous n’avez aucune idée ?
- Quelle idée ?
- Eh bien pourquoi une chouette est placée dans cette niche ?
- Je pense à quelque chose, mais je ne sais pas si cela a un rapport.
- Et vous accepteriez de me le dire ?
- Oh bien sûr ! Voilà… Il faut savoir que les chouettes sont les amies des agriculteurs.
- Et des sorcières.
- Des sorcières, oui, mais c’est ancien et c’est pour les superstitieux. Par contre pour les agriculteurs, c’est toujours vrai.
- Les agriculteurs sont encore superstitieux ?
- Ce n’est pas ce que je voulais dire. Non, les chouettes sont leurs amies car elles suppriment la vermine qui détruit parfois une partie de leur récolte.
- Qu’est-ce qu’on appelle une vermine ?
- Ce sont les souris, les mulots, les campagnols. Dans les champs de céréales, ces bestioles mangent les graines, cisaillent les tiges et provoquent donc des dégâts. Heureusement, les chouettes et les hiboux en sont friands et se font un régal de ces petites bêtes. S’il n’y avait pas ces volatiles, ces petits animaux à quatre pattes prolifèreraient au grand dam des agriculteurs. Ce n’est donc pas de la superstition, mais juste de l’intérêt pour les récoltes.
- Alors, quand j’ai proposé à Mr Bador que la chouette était là pour protéger des bonnes récoltes, c’était peut-être vrai ?
- Eh bien bravo Zélie. Tu feras peut-être une bonne chercheuse.
- En fait, c’était peut-être une superstition à cette époque qui, sans le savoir, se basait sur une réalité.
- Bien vu, mais je crois qu’à cette époque, les gens savaient déjà que les chouettes se régalaient de ces vermines. La statue de la chouette était peut-être une façon de les remercier.
- Sinon, vous souvenez-vous d’histoires particulières dans ce village au sujet de la chouette ?
- Aucune ma pauvre. Quand j’étais petite, le fournil était encore utilisé par le boulanger. Je le voyais y faire le pain puis le porter à sa boulangerie pour la vente. Mais ce n’était pas très commode pour lui. Alors, il a installé un four plus moderne à l’arrière de sa boulangerie, et le fournil n’a plus jamais été utilisé. Je ne sais que cela sur ce bâtiment et sa chouette. Désolée ma chère Zélie.
- Au moins vous m’avez appris l’utilité des chouettes pour les agriculteurs. Vous pensez qu’il serait intéressant de rencontrer d’autres personnes ?
- Voyons… Pourquoi pas le curé ? A tout hasard… Lui, il entend beaucoup de choses. Essaie de ce côté.
- Eh bien je vais tenter de le rencontrer. Encore merci à vous et au revoir.
- Au revoir Zélie, et bravo pour ta curiosité sur la chouette !
Après le déjeuner, Zélie alla frapper à la porte du presbytère. Le curé lui-même lui ouvrit la porte.
Chez le curé de la paroisse
- Bonjour, je suis Zélie.
- Oh, j’ai entendu parler de toi. Il paraît que tu veux savoir pourquoi cette chouette est perchée sur le fournil. C’est bien vrai ?
- Oui c’est cela. Mais comment le savez-vous ?
- C’est bien simple. Il suffit d’aller à la boulangerie où tout le monde passe presque tous les jours. Ton grand-père a posé la question à la boulangère et il lui a dit que tu faisais des recherches. Il espérait qu’elle sache quelque chose. Mais les boulangers sont ici depuis moins de 10 ans. Tes grands-parents ne le savaient pas. Alors, ils n’ont pas pu avoir de réponses.
- Et vous, Monsieur le curé, vous avez des réponses ?
Fichtre non. Cette chouette est probablement l’objet d’anciennes superstitions. Au Moyen Âge, elle était associée à la rouerie et à la tromperie car elle profite de la nuit pour chasser, moment où ses proies sont « aveugles » tandis qu'elle voit clair. Chacun la clouait devant sa porte pour conjurer le mauvais sort. Mais dans notre métier, on ne s’intéresse pas aux superstitions. Et si on constate qu’il y en a encore, on tente de faire comprendre à ceux ou celles qui y croient qu’elles n’ont plus lieu d’être, qu’elles ne répondent à aucune logique scientifique, voire aucune logique spirituelle.
- Mr Bador, le professeur d’histoire m’a suggéré que la chouette était probablement l’objet d’anciennes superstitions.
- A mon avis, il a probablement raison. Mais je n’en sais pas plus.
- Et dans les religions, la chouette est-elle utilisée ?
- Il y a peut-être un rapprochement à faire. Dans les religions, il y a une forte recherche de la vérité, entre-autres, celle de la vie éternelle. Cette recherche s’effectue à travers l’étude des textes et de la réflexion personnelle.
- Et la chouette y joue un rôle ?
- J’y viens. La chouette est le symbole de la sagesse. Juste un symbole, sans superstition, comme le drapeau est le symbole d’un pays. On a souvent cru que la chouette était capable de voir dans l’obscurité, alors qu’elle ne se déplace qu’à l’aide du son. Elle avait donc la réputation de clairvoyance et de perspicacité et ses yeux perçants étaient associés à la vigilance et à la connaissance profonde. Rêver d'une chouette symbolisait la recherche de la vérité, de la sagesse ou la nécessité d'explorer des aspects cachés de soi-même, une invitation à plonger plus profondément dans notre personnalité. Mais tout cela ne t’aide pas beaucoup.
- Effectivement, mais vous m’avez aussi appris des choses sur les symboles de la chouette.
Où Zélie en est-elle ?
Zélie, intriguée par cette chouette dorée sur le fronton du fournil a commencé par rencontrer le maire qui ne possédait aucune information. Il avait suggéré de rencontrer Mr Bador, professeur d’histoire qui lui proposa une méthode de recherche qui permit à Zélie d’imaginer des hypothèses historiques depuis le moyen âge, en particulier l’utilité rassurante de la chouette. Puis la mère Finelle lui indiqua les bénéfices réels de cet animal pour les agriculteurs qui pouvait encore expliquer la présence de cet animal. Enfin, le curé faisait un rapprochement avec le symbole de la sagesse.
Dans quelques jours, Zélie complètera ces informations par celles de l’architecte.
Avec l’architecte Lotay
Ce samedi matin, Zélie se rendit de nouveau au fournil avec un peu d’avance. Avant l’arrivée de l’architecte, elle souhaitait faire le tour du bâtiment et inspecter chaque partie des murs. Se rappelant les propos du professeur Brador qui imaginait différentes dates de construction ou de rénovation, elle voulait voir s’il y apparaissait des différences de construction, des différences de couleur ou de texture de pierres.
Quand Aurélie Lotay arriva, Zélie avait fait deux fois le tour de l’édifice sans remarquer une quelconque différence.
- Bonjour Zélie
- Bonjour Madame Lotay. Merci de vous être dérangée un samedi pour m’apporter vos conseils.
- Eh bien, tu sais, Zélie, je m’occupe des bâtiments anciens de la contrée. Celui-ci n’était pas encore dans mes préoccupations, mais ton désir d’en connaître l’histoire m’a interpelé positivement. C’est peut-être le début d’un beau conte grâce à toi. Alors, que veux-tu savoir ?
- C’est cette chouette dorée qui m’intrigue. J’aimerais bien savoir pour quoi elle est à cette place-là, depuis quand, et qui l’a décidé.
- Tu habites dans ce village ?
- Non, ce sont mes grands-parents qui y habitent depuis peu.
- Alors bravo pour ta curiosité. Tu as posé trois questions. On va commencer par tenter de répondre à la période de l’installation.
- Avec Mr Bador, on a pensé que le bâtiment date du moyen âge, comme plein d’autres de ce village, et on s’est demandés si la niche de la chouette avait été construite à la même époque, ou bien réalisée bien après.
- Belle démarche ! Oui ce bâtiment semble bien de cette époque, comme les autres du village. Quant à la niche, je pense qu’elle a été réalisée en même temps que le village. La preuve, en regardant bien, on ne distingue aucune différence de pierre entre le tour de la niche et le mur frontal, et les jointures semblent être faites de la même façon. Surtout, les pierres du fond de la niche sont bien alignées, ce qui aurait certainement été difficile si cette niche avait été faite après. Donc pour moi, la niche est bien de l’époque de la construction du bâtiment.
- Et pour la chouette ?
- J’ai peur de te décevoir. Je crois qu’elle n’est pas de la même époque.
- Pourquoi, Madame Lotay ?
- Cette chouette est en pierre sur laquelle on a posé de la dorure. Si elle avait été faite en même temps que le mur, il y aurait de fortes probabilités que la base de la statue ait été encastrée dans les pierres du bas de la niche. C’était une façon de protéger les statues contre le vol. Et puis, elle est faite dans une autre pierre. Cette statue paraît donc avoir été ajoutée après.
- Quand ?
- Je suis incapable d’y répondre.
- La dorure pourrait-elle nous aider ?
- Bien sûr. Pour cela, il faudrait en prélever et faire des analyses chimiques qui coûtent cher. Néanmoins, avec mon habitude, je peux presque t’affirmer que cette dorure a moins d’un siècle. C’était peut-être une rénovation.
- Et qui l’a faite ?
- Ces statues sont simples à réaliser par plein de sculpteurs. Ce sera difficile de répondre à ta question.
- Donc la niche est d’époque médiévale et la chouette reste un mystère.
- Je crois que je ne vais pas pouvoir t’éclairer davantage. Encore bravo, Zélie, pour ta démarche.
Après s’être quittées, Zélie retourna chez ses grands-parents, quelque peu déçue de ne pas en savoir davantage. Mais elle a constaté que toutes les personnes rencontrées l’on félicité pour sa démarche. Elle en était fière.
- Eh bien, Zélie, dans le village, beaucoup de personnes savent que tu t’intéresses à cette chouette !
- C’est gênant, grand-père ?
- Non pas du tout ! Au contraire, cela donne un peu d’animation. Certains se disent « mais oui, d’où vient cette chouette ? » Et la réponse les intéresse ! Beaucoup achètent leur pain tous les jours, et la boulangère est très bavarde. Alors elle questionne tous ses clients.
- D’accord, mais cela ne nous avance pas.- Pas si sûr ! La boulangère m’a dit de te faire rencontrer Mr Terbis qui aurait des informations à te donner.
- Et qui est ce Monsieur Terbis ?
- Une personne de notre âge, en retraite. Il doit connaître un petit bout de l’histoire…
- Je peux aller le voir cet après-midi ?
- Bien sûr ma Zélie. On l’appelle ?
- Tout de suite grand-père !
Chez Mr Terbis
- Bonjour Mr Terbis, je suis Zélie.
- Bonjour Zélie. J’ai compris que tu t’intéresses à la chouette et j’ai des informations à te donner.
- Chouette !
- C’est le cas de le dire… Allez, entre et assied-toi. Je vais te raconter.
- Oh merci Mr Terbis !
- Je vais droit au but, cette chouette a été installée par mon père. Il devait avoir dans les vingt-cinq ans. Alors, tu vois, cela fait presque un siècle et c’est pour cela que personne ne s’en souvient.
- Et pourquoi votre père a installé cette chouette ?
- Parce qu’il était pompier.
- Mais les chouettes n’ont rien à voir avec les pompiers !
- C’est exact. Alors, voilà comment cela s’est passé : Avec ses collègues pompiers, mon père a été appelé sur le feu d’une grange. Ils ont si bien manœuvré qu’ils ont réussi à éviter la propagation des flammes sur un bâtiment à proximité. Celui-ci appartenait à un collectionneur d’objets anciens. Alors, bienheureux qu’il ait été préservé grâce à la stratégie de protection des pompiers, il a voulu les remercier. Il leur a donc proposé d’emporter chacun un objet de sa collection, à condition que cela soit raisonnable. Mon père a choisi cette chouette en se disant qu’elle irait bien dans la niche du fournil de notre village. C’est ainsi qu’elle est arrivée à cet emplacement. Il n’y a pas eu cérémonie, ni de document signé, ni de procès-verbal communal. Mon père l’a déposée ici tout simplement. Et moi, à chaque fois que je vais à la boulangerie, je passe devant un acte généreux de mon père grâce à sa bravoure de pompier.
- Et elle était déjà dorée quand votre père l’a emportée ?
- Je crois que oui, sinon, il m’aurait dit qu’il l’avait faite dorer.
- Grâce à vous, Mr Terbis, maintenant je sais tout sur cette chouette dorée. M’autorisez-vous à le dire aux autres personnes que j’ai rencontrées pour connaître son histoire ?
- Bien sûr Zélie, et cela me fera plaisir pour feu mon père.
- Merci Mr Ternis pour tout cela. Au revoir et je vous souhaite la meilleure santé pour vous pour de nombreuses années encore.
Et voilà, Zélie connaissait l’origine de cette chouette et avait même appris beaucoup de choses sur les superstitions et l’utilité de ce volatile. Elle pût alors écrire cette histoire. Elle en fit une copie pour la mairie et toutes les personnes qu’elle a rencontrées. A la rentrée scolaire, elle proposa à son professeur principal de faire un exposé sur son enquête. Et elle fut abondamment applaudie !