Mes écrits
Jacques LAUNAY
HUMOUR
SOMMAIRE
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Les morts vont au ciel (Octobre 2025)
Le trou de souris (Octobre 2025 - 1 minute)
L'apparition (Octobre 2025 - 1 minute)
Vraiment végétarien ? (Septembre 2025 - 1 minute)
Panique au zoo (Juillet 2025 - 1 minute)
L'alphabet de l'âne (Juillet 2025 - 1 minute)
L'incident du Père Noël (Déc 2024 - 1 minute)
24-12 (Déc 2024 - 4 minutes)
​La mort d'Arthur (Juillet 2024 - 1 minute)
Pour deux donc pour trois (Déc 2023 - 1 minute)
A la queue leu leu (Juin 2022 - 1 minute)
Petits plaisirs (Juin 2022 - 1 minute)
Tapez 1 Tapez 2 (Sept 2022 - 1 minute)
Zodiaque (Oct 2022 - 1 minute)
La comtesse est conteuse (Nov 2022 - 1 minute)
Jamais deux sans trois (Avril 2021 - 1 minute)
Doubles lettres (Août 2022 - 1 minute)
Le blues du douze (Août 2022 - 1 minute)
Un jour sur deux (Fev 2021 - 2 minutes)
Romains (Fev 2021 - 1 minute)
Calculs abyssaux (Fev 2022 - 1 minute)
Le mille potes (Aout 2021 - 2 minutes)
La main dans le sac (Oct 2020 - 1 minute)
Les morts vont au ciel
Jeune, on m'avait dit que les personnes décédées allaient au ciel. Je levais les yeux et je n'y distinguais rien qui ressemblât à une personne.
- Regarde les avions, me disait-on, ils ont beau être énormes, on croirait une mouche quand on les voit passer dans le ciel. Alors, vus d’ici, les corps des personnes dans le ciel, encore plus haut que l'avion, ont la taille d'un microbe. Impossible donc de les distinguer.
- Oui mais (avec les enfants, il y a toujours des « oui mais »), avec tous ces morts depuis la nuit des temps, cela devrait faire un énorme volume !
- Sais-tu combien de morts y a-t-il là-haut ?
- Non, mais on devrait parfois voir des nuées, comme les oiseaux qui forment des nuages.
- Mais non, ils sont épars sur toute la périphérie du globe qui est gigantesque !
- Et ils ne se décomposent pas ?
- Non pas du tout. Il y règne une température de – 40° à -50°. C’est idéal pour la conservation.
- A cette température, ils sont complètement figés et ils ne peuvent pas échanger entre eux !
- Et c'est pour cela qu'ils ne nous disent rien. Tu as compris ?
Comment rivaliser avec les adultes qui sont censés posséder le savoir ?
J'aurais bien aimé avoir un télescope pour constater leur présence. Mais en vain. Il me restait l'imagination pour me représenter ces aïeux dans le ciel.
Des questions se posaient :
N'y aurait-il pas quelques collisions avec les satellites et les fusées ? Pauvres corps heurtés par ces engins…
Echangent-ils entre eux ? Probablement que non puisqu’ils sont congelés. C’est dommage, ils auraient pu profiter de se retrouver en famille… Peut-être se transforment-ils en fantômes pour revenir sur terre ?
Ils doivent avoir peur dans cette immensité. Comment se repèrent-ils ? Existe-t-il un bureau de renseignement ?
Ou alors c’est là-haut qu’on se transforme en poussière ?
Combien de temps mettent-ils pour monter au ciel ? Ils le font certainement la nuit pour qu’on ne voie pas leur ascension ? La vierge Marie, c’était en plein jour. Elle a peut-être eu droit à un traitement d’exception !
Et à cette température, c’est vraiment le paradis ? Moi, je pencherais plutôt pour l’enfer à très basse température.
Dans ces conditions, je n’ai pas envie de mourir pour me retrouver congelé…
Mais, n’y aurait-il pas une autre explication que celle que l’on raconte stupidement aux enfants ???
Le trou de souris
Rentrer dans un trou de souris,
Voilà le rêve du mal-pris.
Mais pour rentrer dans un trou de souris
Faut-il avoir le pelage gris ?
Certes non, néanmoins, l’orifice étant petit,
Aux grandes tailles je compatis
Tel il sera au fugitif difficile
Avec son esprit imbécile
De vouloir viser la rentrée
En cet orifice par lui mal paramétré.
Donc pour s’assurer d’y pénétrer,
La sagesse serait de l’attitrer
A tous les bénéficiaires
De cette petite meurtrière
Ouvrant sur un asile,
Leur tranquille domicile.
Alors par ce passage étroit
La souris sort de son endroit
Et depuis le sol ou les murs
Ecoute de la maison les murmures
Pour en sécurité trottiner
Vers des mets raffinés
Qui assouviront sa faim
Grâce à son odorat fin.
Quand cela est-il le plus aisé ?
Lorsque la maison est apaisée,
Et devient alors pour elle un palace
Après la rentrée des classes…
L'apparition
Pour la première fois, il se promène dans ce jardin public sous un soleil chaud éclairant cette matinée de printemps. La renaissance de la nature est accompagnée des pépiements joyeux des oiseaux. Il peut observer leurs plaisirs communicatifs par leurs virevoltes incessantes dans le bleu du ciel. Les camaïeux de vert et les fleurs naissantes encadrent les allées et les mobiliers du lieu.
Son pas est léger, comme celui des écureuils à la recherche de leurs cachettes de glands. Il profite de l'immensité du parc à l'anglaise aux allées sinueuses, offrant des surprises paysagères à différents détours.
Actuellement, son cœur est à prendre, prêt à s'enraciner dans celui d'une autre, prêt à accueillir une âme sœur pour une fusion qu’il espère tendre et complice. Il jouit de ce moment propice à la réflexion, à la découverte d’un nouvel espace plaisant où la flânerie arrête l’écoulement du temps. Tous les tracas quotidiens s’effacent au profit de ce plaisir, comme si rien d’autre ne le touchait que ces vues et ces senteurs matinales.
Soudain, elle apparaît. Il la voit pour la première fois. Son pas se fige. Est-ce possible qu'une pareille beauté soit devant lui, à une dizaine de pas ? Est-ce un rêve ? Doit-il se pincer pour s’assurer de la réalité ? Ou est-ce le fruit de son imagination, de son espoir de tendre beauté ? Incapable de mouvements, toute son énergie est captée par cette magnifique personne. Leur regard, croisé depuis l'apparition, est indétachable.
Simplement habillée d'une veste courte sur une longue jupe et chaussée d'escarpins, elle est l’impossible devenu réalité. Ses cheveux aériens échoués sur ses épaules ajoutent à sa grâce.
N'y tenant plus, il se précipite sur elle pour immédiatement l'étreindre. Il se love, cherchant toutes les surfaces de contact possible. Il fait tout pour qu’elle ne puisse s’échapper. Il appuie sa joue droite contre la sienne. Il veut lui donner des preuves d’attachement. Sa main gauche entoure la taille de sa découverte, sa droite presse sur le haut, puis remonte aux épaules pour enlacer le cou. Néanmoins, sa dulcinée demeure impassible. Puis les lèvres de notre promeneur se pose sur celle de sa conquête.
Le temps est suspendu. Ils sont là, offerts aux promeneurs qui les regardent, médusés par ce spectacle si inhabituel dans ces lieux, lui qui, le visage rayonnant, enlace sa beauté, lové contre son corps, qui la caresse, et elle, immobile... jusqu'à ce que des policiers le détachent de la statue.
Vraiment végétarien ?
Victor est végétarien. Du moins, il se présente ainsi dans tous les repas auxquels il assiste ou qu’il organise. Elise, sa femme l’est aussi, mais de manière moins extrémiste que Victor. Il défend ce mode d’alimentation corps et âme avec moultes arguments en faveur de ce régime de plus en plus répandu.
Victor et Elise se retrouvent souvent avec un couple ami, Quentin et Marie qui, eux, sont opposés à ce mode d’alimentation et préfèrent fortement les sources carnées.
Ensemble, lors de repas ou d’autres occasions, ce thème est souvent abordé. Evidemment, chacun argumente en faveur de ses opinions.
Sans lui avoir avoué une seule fois, Victor éprouve un penchant pour Marie. Cela n’a échappé à personne, surtout à Marie qui ressent parfois une pression sans réelle insistance. Cela lui fait plaisir de se sentir ainsi considérée sans chercher à entretenir cette situation. Bien que…
Marie proposa un jour à Victor de se retrouver à deux à midi dans un restaurant où ils considéraient ne pas pouvoir être remarqué par un proche qui aurait la désobligeance, volontaire ou non, d’éventer ce tête-à-tête.
A plusieurs reprises, Marie et Victor ont poursuivi ce plaisir de se retrouver à deux. Et pour montrer son attachement à Marie, Victor se reprit à absorber du carné. Et il y prenait du plaisir… Un jour, il vit arriver une belle entrecôte et il était manifeste qu’il en salivait de plaisir avant de saisir ses couverts. Il y goûta avec une délectation qui se manifestait sur son visage.
Ses habitudes prises avec Marie restaient platoniques, et cela semblait convenir à ce couple « restauratif ». Néanmoins, chez lui, avec ses amis, il maintenait son régime végétarien.
Une fin d’après-midi, à son arrivée, son épouse lui montra un courrier reçu dans la journée. L’enveloppe était déjà ouverte. Et Victor sortit des photos le montrant clairement attablé avec Marie. Il sentait le regard pesant d’Elise.
- Elise, je vais tout t’expliquer.
- Je t’écoute, Victor.
- Ce n’est pas ce que tu peux croire.
- Ils disent tous cela !
- Oui, Marie et moi, nous nous retrouvons parfois au restaurant. C’est juste pour le plaisir d’échanger ensemble.
- Sauf que tes proches ont constaté ton penchant pour Marie.
- Je ne le conteste pas. Mais pas suffisant pour m’éloigner de toi…
- Que dois-je en déduire ?
- Que nous allons arrêter de suite si tu me le demandes.
- Admettons. Pour que les choses soient claires, Marie m’avait informée de vos rencontres restauratives.
- Non ! On avait convenu de ne pas les exposer !
- Sauf que Marie a voulue être sincère avec moi et m’a assurée que vous étiez très sages. Et je la crois.
- Tu peux effectivement la croire. C’est le cas.
- Et elle m’a dit aussi qu’elle t’avait proposé ces rencontres dans un but bien précis qui reste entre nous quatre : Marie, Quentin et nous deux.
- Mais quel but ?
- Regarde bien les photos.
- Elles montrent que nous sommes bien sages, il me semble.
- Exact. Mais regarde bien le contenu de ton assiette et ton visage.
- Agrrrrr !!! J’ai été piégé !
- Oui Victor. Les photos ont été prises par Quentin. Alors, toujours végétarien ?
Panique au zoo
Dans ce zoo qui propose aussi de la restauration, le gardien de nuit qui vit au jour le jour détecta un début d’incendie. Il appela donc les pompiers, lesquels brûlent habituellement feux rouges et stops.
Malheureusement, pendant l’incendie, les éléphants étaient sans défense, les mille-pattes faisait les 100 pas pour être dégagés. Les poissons faisaient des carrés dans l’eau, et les poissons clown faisaient pleurer de rire. Les poissons scie et les raies étaient sidérés. Par le rayonnement, les poissons lune attrapèrent un coup de soleil. Les chauve-souris vampire se faisaient du mauvais sang et le panda se pendit. Le beaux écureuils orange se pressaient comme du citron
Les flammes éteintes, on interrogea l’électricien qui n’était au courant de rien. Le pâtissier, tarte, n’a pas mieux aidé, le poissonnier était muet comme une carpe et le cuisinier n’était plus dans son assiette et en faisait tout un plat.
Quant au jardinier, il est tombé dans les pommes et s’est mis au vert. Le responsable du rayon librairie décida de tourner la page, le monnayeur perdit la face et le responsable du courrier devint timbré.
Avec la propagation des fumées, les souris avaient un chat dans la gorge et le roi lion se plaignait du palais. Fatigués, les kangourous avaient des poches sous les yeux. Les requins-marteau ne pouvaient plus être le clou du spectacle. Les lapines avaient posé un lapin à leurs mâles. Les crocodiles avaient perdu la mémoire qu’ils avaient si peu.
Non alimentés, tous ces animaux avaient une faim de loup.
A l’attraction fantôme, on faisait du mauvais esprit. La voyante, elle, perdait la boule, et sur le lac, le capitaine avait un coup de barre.
Avec la disparition de l’oisellerie, le zoo y a évidemment laissé des plumes. De même, les zèbres ont été rayés de l’effectif.
C’est ainsi que le directeur, cycliste à ses heures perdues, perdit les pédales.
L'alphabet de l'âne
La complexité de l’alphabet et de l’orthographe fait braire l’âne qui cherche la simplicité.
C’est vrai, après tout.
Que nous apporte le K qui pourrait être remplacé par le C, ce qui permettrait d’observer des "coalas" dans les zoos. Le "king" serait alors le "cuing", tout comme le kapok deviendrait le "capoc" sans altération de sa prononciation ni de son " carma", sans un "copec" supplémentaire. Et les militaires pourraient toujours faire du "cayac" avec leur "cuepi" "cacui".
Dans le même esprit, l’âne peut s’intéresser au Q, non pour l’acception salace qui ne l’émeut certainement pas, mais pour encore utiliser le C qui suffirait pour un "cartier" de lune, ou pour la "fabric" dont la fonction s’écrit d’ailleurs « fabrication ». Le "cota" de Q deviendrait nul sans gêner notre "cant" à soi. Je vois un "cotient" de "colibets" surgir par "carterons" à la vitesse d’un "cart" de compétition !
De même, le sort du H ne pèserait pas lourd dans l’esprit asinien. Le "fare" de voiture se comprendrait aussi bien que dans son écriture académique (pardon, "académic"). La "farmacie" resterait aussi efficace, même si elle est placée dans un "all" ou dans un "angar". Il n’y a pas "foto", les "frases" seraient aussi "fonétics". Ce ne serait pas un "asard" si des "ussards" criaient "ativement" à "l’umiliation" "fisic" des mots, avec "l’érisie" "aineuse " de "l’omme" devant cette "ardiesse" peu "ilarante", "andicapé" du cerveau.
Pour le même âne, pourquoi diable avoir apporté un I de Grèce, spécifique qui ne semble rien ajouter au I classique.
D’ailleurs, la "paie" se comprend déjà aussi bien que la "paye". Cela plairait à l’âne de "baier" aux corneilles, avec son frère "Iannic", celui qui fait du "ioga" devant son "iucca".
N’oublions pas le W, le british double V. Le "ouapiti" n’en cesserait pas pour autant de brouter de l’herbe à côté de l’âne "braiant" à coups de "ouatts" sonores comme un "cloune". Donnons-lui un "sandouich" et du "ouiscui" pour le voir interpréter un "souing", un "slo" ou un "touist", puis mettons le film sur le "oueb".
"Evocons" aussi le cas du X, la lettre du "lucse", celle de "l’ecsitation". Avec moulte "cseres", il est facile d’effectuer un double "acsel" "fougueu" sans "vecser" les "atlètes".
Nous voilà donc avec 20 lettres résiduelles. Ce ne serait peut-être pas un vain travail que d’y parvenir. Mais "couid" de "l’estétic" de "l’ortografe" ?
Puis imaginons le clavier d’un ordinateur sans ces six lettres K, Q, H, Y, W et X qui, réagencé, permettrait peut-être un accroissement de la frappe…
Le débat est lancé…
L'incident du Père Noël
De notre envoyé spatial.
L’incident s’est déroulé dans la nuit du 24 au 25 décembre vers 3 heures. Le traineau du Père Noël s’est déporté de sa trajectoire et a manqué de se retrouver en orbite interstellaire. Il aurait alors disparu à tout jamais, au grand dam des enfants du monde entier.
Il faut savoir qu’avec la croissance de la population mondiale, le père Noël est contraint d’augmenter le rythme de passage dans les habitations. Il n’a même plus le temps de laisser des messages dans les chaussons comme quelques décennies auparavant. Sa vitesse de déplacement s’en est trouvée augmentée au point d’avoir dépassé cette nuit le cap des 3 000 km/h. A cette vitesse, le moindre écart, la moindre inattention peuvent être fatals et la marchandise se perdre dans les nuages (le cloud pour parler moderne). Ce serait un désastre écologique tout comme une énorme déception pour les enfants insatisfaits. Les juristes auraient du pain sur la planche pour établir les responsabilités et les états devraient engager leurs propres armées pour récupérer les colis perdus.
Cette nuit, probablement dû à un moment de fatigue, compréhensible d’autant plus que notre Père Noël se fait de plus en plus vieux, ou était-il dans la lune (alors qu’il n’y a aucun cadeau à y déposer), le traineau accusa un écart de conduite qui faillit être funeste, selon les rennes témoins assistés. Grâce au sang-froid du Père Noël et à son expérience légendaire, il a pu redresser la trajectoire, accusant alors quelques secondes de retard, ce qui l’a conduit à encore accélérer sa vitesse. Sans sa maîtrise, le traineau, l’attelage et son occupant auraient pu se retrouver sur la trajectoire de Mars, un endroit d’où cela ça repart, ce qui aurait pu lui faire émettre le juron « par Jupiter » en disant (façon Johnny) « ça turne mal ! ».
Conscient des conditions de travail dégradées par l’augmentation des cadences et des risques associés, le syndicat du Père Noël, ne comprenant qu’un seul membre (lui-même), s’en est ouvert au secrétaire général de l’ONU. Ce dernier a proposé la mise en place d’une commission pour le recrutement d’un adjoint au Père Noël. Après une période de formation, ce dernier pourrait prendre en charge des régions du globe de plus en plus étendues au fur et à mesure de l’accroissement de son expérience. Quant au deuxième attelage, il est probable que la commission recommande de passer au tout électrique pour réduire la production de CO2 et supprimer celle de méthane générée par les flatulences des rennes. Si l’expérience est concluante, gageons que le premier traineau subisse les mêmes transformations. La clochette avertissant du passage serait conservée.
Les incidents étant une source de réflexion vers l’amélioration des conditions de travail et la réduction des risques, il semblerait que ce dérapage ait produit l’alerte nécessaire à la modernisation du service du Père Noël, tout en doublant les effectifs de production. Qui s’en plaindra ?
24-12
Ce samedi 24 décembre, la nuit commençait à tomber. Joseph et Marie approchaient de Bethléem. Ils suivaient une étoile, un ancien petit rat. Elle les guidait sur leur chemin. Elle aussi venait pour se faire recenser à la demande du gouverneur de la contrée. Ils étaient fatigués de cette longue marche, surtout Marie, enceinte de neuf mois, prête à délivrer sa précieuse marchandise.
Ils arrivèrent au niveau d’une auberge à la lisière de la ville. L’étoile s’y arrêta. Par galanterie, Joseph prit l’initiative de frapper à la porte. L’aubergiste ouvrit le judas. La scène devant lui comportait les trois personnes déjà narrées. Joseph garda l’initiative :
- Aubergiste, aurais-tu des chambres pour nous ?
- Désolé, j’ai des clients au-delà des normes de sécurité. Je ne peux pas vous loger.
- Mais ma femme est enceinte, prête à accoucher !
- C’est toi le père ?
- Non.
- Ce n’est pas catholique tout cela !
- Catholique, qu’est-ce que cela veut dire ?
- Tu le sauras plus tard quand le mot sera inventé.
- Vous ne pouvez pas laisser ma femme dans cet état sans abri !
- Elle n’avait qu’à mieux s’y prendre !
- C’est vrai que je ne sais pas ce qui lui est passé par l’esprit.
- Elle aurait dû attendre Simone Veil !
- Qui est-ce ?
- Attends un peu.
- Juste une petite place s’il te plaît !
- Si tu savais combien de familles sans le sou sont passées pour ce recensement. Je ne les compte plus. Et j’imagine les ardoises que j’aurais pu avoir.
- Cela tombe bien, je suis charpentier. Et ce serait une tuile que Marie n’ait pas à se loger.
- Bon, tu as gagné. Je te propose de t’installer dans l’étable.
- Très bien, les tables de la loi le permettent.
- Je t’y conduis.
L’étable abritait un bœuf et un âne qui furent surpris de l’arrivée des nouveaux occupants. Financièrement, le couple n’était pas sur la paille. Mais ils s’y posèrent quand même.
Joseph installa Marie confortablement, dans l’hypothèse où la délivrance s’effectuerait dans la nuit.
A cette époque, le poste de muézin n’était pas encore inventé pour rythmer les heures du jour et de la nuit. Alors, Joseph sortait de temps en temps pour observer les étoiles. A chaque sortie, il était intrigué par le nombre croissant de bergers installés près de l’auberge. Eux aussi n’avaient pas de logement. Ils comptaient dormir à la belle étoile. (Belle ? Pourtant, ii n’y avait pas eu de concours de miss étoile…). Néanmoins, ceux-ci expliquaient à Joseph qu’ils ne souhaitaient pas dormir. Eux aussi avaient suivi la même étoile que celle de Joseph.
- Mais vous êtes arrivés bien après nous. Comment de loin avez-vous pu la voir ?
- Regardez, Joseph, elle est sur le toit.
- Alors, c’est une étoile de gouttière.
- Non, c’est pour signifier que c’est une auberge « une étoile »
Et il rentrait dans son logement paillé.
A une sortie suivante, il vit trois personnes bellement vêtues. Ayant les piastres suffisantes pour s’offrir une meilleure auberge, il songeait à des bourgeois décalés. Les trois portaient des paquets cadeaux. Pour offrir à qui ? se demandait-il. Peut-être que certains croient au Père Noël…
Et, s’inquiétant de l’état de Marie dont la respiration manifestait un halètement inhabituel, il rentait de nouveau.
A minuit, au zénith de certains astres nocturnes, Marie poussa un hurlement retentissant. Une tête apparut, puis un corps entier. C’était un garçon, tout ce qu’il y a de plus ordinaire. 51 cm et 3,2 Kg. A l’arrivée de l’air dans ses poumons, il vagit, là aussi comme tous les enfants. Tout allait bien. Joseph sectionna le cordon et fit un nœud (qu’il ne mit pas dans sa poche pour éviter un éventuel oubli : tous les pères présents à l’accouchement se rappellent, normalement, qu’ils ont désormais un enfant). Puis il installa son fils dans la mangeoire pour lui faire profiter de la chaleur animale.
A ce moment, les bergers ouvrirent la porte de l’étable pour voir cet enfant dont ils ont entendu les pleurs. En colère, Joseph leur demanda de refermer la porte pour éviter le froid de l’air extérieur. Les bergers rouspétèrent. Les bourgeois s’ajoutèrent aux protestants.
Ça commence bien ! se dit Joseph. Qu’ils restent à papoter dehors ! Ici, ce n’est pas un lieu de pèlerinage ! Non de Dieu !
Depuis l’extérieur, les bergers parlementèrent.
- Joseph. On sait que tu viens d’avoir un petit. On voulait juste savoir si tout va bien et comment se porte ta femme ?
- Charpentée comme elle l’est, elle s’en sortira très bien.
- On n’en doute pas, Joseph, mais nous les rois (ceux que Joseph prenait pour des bourgeois), on voulait lui apporter la fève du samedi soir.
- Qu’est-ce que vous me chantez là ?
- Oh, un air que tu entendras bien plus tard.
- Pourquoi tous ces « plus tard » ? Catholique, Simone Weil, La fève du samedi soir… Que vous arrive-t-il ?
- Juste des prémonitions, Joseph.
- Vous devriez arrêter de lire dans les faces de bouc. Et mon fils, il sera une célébrité, c’est cela ?
- Mais si ! Joseph, mais si !
- Restez dehors, je n’ai pas le cœur à vous recevoir.
Dehors, les bergers entonnèrent en chœur un chant inconnu de Joseph : « il est né le divin enfant ».
- Tu te rends compte, Marie, ils veulent offrir dix vins à notre enfant ! Ils sont fous ! C’est interdit par Mendès-France qui veut donner du lait à tous les enfants.
- Qui est Mendes-France ?
- Oh tu le sauras plus tard.
- Ah toi aussi, tu t’y mets.
- Oui, je ne sais pas ce qu’il se passe ce soir.
- Ben, il se passe qu’on a un fils.
- Oui, et alors ?
- Peut-être qu’il aura une belle carrière ?
- Là-dessus, je reste de marbre.
- Ou président.
- Oui c’est cela, avec des succursales dans chaque village !
- Non, là il y a quelque chose qui cloche.
- Qu’est-ce que tu vois clocher ?
- On se gourre ou…
- Bon, restons zen, arrangeons-nous juste pour le faire grandir du feu de dieu. On verra bien. Moi, j’aimerais qu’il reprenne mon atelier de charpente.
Pendant ce temps, les bergers et les rois se les gelaient dehors. Les moutons bêlaient, repris en chœur par les mugissements du bœuf et les braiements de l’âne.
- Au fait, comment vas-tu l’appeler ? demanda Marie à Joseph (à cette époque, l’égalité femme / homme n’existait pas encore)
- J’hésite, répondit Joseph
Marie avait bien un prénom en tête, mais avec le machisme ambiant, elle décida de se taire :
- J’ai… oh et puis zut !
- Exactement ! On va l’appeler Jézutte
- Cela fait comme j’exulte. Ce n’est pas trop fort ?
- Tu as raison. Jésus sera suffisant.
- Jésus comment ?
- Hum. On a dit qu’on aimerait bien qu’il perce. D’ailleurs, il faudra éviter qu’il ait un poil dans la main.
- Des clous ! Ce serait la croix et la bannière. Alors, Jésus comment ?
- Ecoute, Marie, on va faire comme s’il était le noble de notre ville : Jésus de Nazareth.
- Ah oui ! Cela fait classe !
Les bergers retoquèrent à la porte.
- Allez, Joseph, laisse-les entrer. Maintenant, le petit est bien au chaud. Il ne craint rien. Sinon, ils vont en faire un foin.
Joseph ouvrit la porte. Les bergers et les rois entrèrent. Aussitôt arrivés, ils s’agenouillèrent, puis s’inclinèrent.
- Dis Marie, tu n’as pas l’impression qu’ils cherchent une aiguille dans la paille ?
- Alors, ils ne sont pas près de la trouver. D’ailleurs, il faut plutôt la chercher dans une botte de foin.
Un de rois se leva et offrit un paquet cadeau à Joseph. Il l’ouvrit.
- Oh, Marie, c’est de la myrrhe.
- Oui, dit le premier roi, on est passé par Sephora et on y a trouvé ce parfum. C’est aussi un analgésique. A utiliser par exemple s’il se blesse avec un clou ou s’il s’écorche à des épines.
- Merci à vous. Comment vous appelez-vous ?
- Balthazar.
- Balthazar de l’hôtel de ville, c’est vous ?
- Pas précisément. Peut-être plus tard…
Le deuxième roi s’approcha avec son cadeau. Joseph l’ouvrit.
- Oh, un livre !
- Un livre de science-fiction, ajouta le deuxième roi : L’an cent.
- Très intéressant. On y apprendra probablement ce que sera devenu notre fils.
- Comme l’encens ! C’est génial. Peut-être sera-t-il en odeur de sainteté ? Votre nom s’il vous plait ?
- Gaspard.
- Merci Gaspard.
Le troisième apporta aussi son cadeau que Joseph s’empressa d’ouvrir.
- Mais c’est un bijou de fille ! Comment pouvez-vous vous permettre ?
- Exact. Mais je ne pouvais pas connaître le sexe de votre enfant. Vous ne le saviez pas vous-même ?
- Par quelle opération du saint esprit aurais pu le connaître ?
- Par les prophètes ?
- Vous y croyez, vous ? C’est comme les médecins. Ils vous disent que ce sera un garçon, et ils gravent « fille » sur leur agenda d’argile.
- Alors, ce sera pour votre future fille. Ainsi, vous pourrez l’appeler Laure.
- Pourquoi pas. Mais dans ce cas, ce sera moi le père biologique !
- Parce que vous n’êtes pas le vrai père de celui-ci ?
- Eh non, Marie a fait une sorte de GPA.
- GPA ???
- Oui, une Génération par l’Ange. Et cela a marché !
- Je vois.
- Et vous, quel est votre nom ?
- Melchior.
- Merci quand même, Melchior.
Puis les bergers s’approchèrent et proposèrent de la laine de mouton pour tenir le petit au chaud.
La suite est connue….
La mort d'Arthur
Arthur git sur le sol carrelé de la cuisine. Il semble qu’il ait été l’objet d’une chute. Même si le choc sur la faïence a dû être terrible, aucun sang ne s’est répandu. Autour de son cadavre, une flaque d’eau s’étend comme si elle avait été projetée, formant un paysage humide et étoilé. Des tessons de verre jonchent le sol, répartis autour de leur point d’impact.
Quel horrible spectacle de voir le corps inerte d’Arthur étendu sans vie ! Depuis combien de temps occupe-t-il cette position ? Nul ne saurait le dire. Lorsque la maitresse de l’appartement constatera ce soir cette situation inappropriée au retour de son travail, elle criera de stupeur et vérifiera en vain si son Arthur adoré est encore vivant. Quelle surprise néfaste pour elle ! Une séparation subite, définitive et surtout prématurée ! Comment fera-t-elle désormais sans son amour d’Arthur ? Sa vie ne sera plus comme celle d’avant : un immense vide autant physiquement que moralement. Quelle tristesse !
Personne ne peut la prévenir avant qu’elle ne le constate par elle-même : Arthur était seul, livré à lui-même, incapable d’avertir qui que ce soit, ne serait-ce que par un cri d’angoisse, un râle exprimant une fin prochaine.
Quels furent ses derniers moments ? Un choc fatal n’autorisant aucune réflexion possible sur la situation ? Ou une agonie avec l’impossibilité d’alerter ?
De toute façon, l’appartement était fermé de l’extérieur. Arthur y était consigné. Personne n’aurait pu y pénétrer sauf en défonçant la porte d’entrée…
Une seule possibilité de pénétrer dans l’appartement : par la fenêtre de la cuisine anormalement ouverte.
Mais voilà, les circonstances sont telles que la maitresse de l’appartement ne pourra que constater le corps d’Arthur gisant sur le sol de la cuisine.
Néanmoins, celle-ci ne pourra s’en prendre qu’à elle-même : elle aurait dû verrouiller correctement la fenêtre de la cuisine. Lors de la bourrasque subite de l’après-midi, cette fenêtre ne se serait pas ouverte inopinément et n’aurait pas bousculé le bocal d’Arthur, le précipitant au sol dans un fracas de verre, répandant l’eau aux alentours et laissant donc le poisson rouge adoré à l’air libre, suffoquant hors de son milieu naturel…
POUR DEUX DONC POUR TROIS
​
Ni une ni deux, quand il y en a pour un, il y en a pour deux.
Mais Sacha Distel (que les moins de vingt ans n’ont pas connu) chantait : « quand il y en a pour deux, il y en a pour trois » en se faisant une petite place sur un banc.
Mais il n’avait peut-être pas pensé qu’il mettait le doigt, la main, le bras, le corps entier dans une suite infinie…
Si le 2 se transforme en 3 alors :
3 qui vaut 1 + 2 se transforme en 1 + 3 ce qui fait 4.
Quand il y en a pour trois, il y en a donc pour quatre.
Mais alors : 4 = 2 + 2 se transforme en 3 + 3, soit 6.
Mais encore : 6 = 2 + 2 + 2 se transforme en 3 + 3 + 3 soit 9.
Si on poursuit :
9 = 1 + 4x2 se transforme en 1 + 4x3 = 13.
Et si on continue :
13 = 1 + 6x2 donc 1+ 6x3 = 19.
Et puis :
19 = 1 + 9x2 donc 1 + 9x3 = 28.
A la 10e itération, nous obtenons 63.
Puis 3 597 à la 20e
Puis encore 207 382 à la 30e
11 958 657 à la 40e
689 596 368 à la 50e
….
En fait, il est dangereux de dire « quand il y en a pour deux, il y en a pour trois ».
Il serait donc prudent de tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de le prononcer. Quoique sept fois peut se transformer en … dix-neuf fois…
Je ne vous le redirai pas deux fois… non trois fois….
DEMAIN
​
Demain existera-t-il encore ?
Jusqu’alors, demain a toujours été un avenir présent.
Mais y aura-t-il des jours sans lendemain ?
Demain existe parce que la terre tourne sur elle-même,
Et dans cette giration,
L’éclairage puissant du soleil génère l’alternance du jour et de la nuit.
Et au milieu de l’obscurité, on passe au lendemain !
Notre planète s’arrêtera-t-elle de tourner,
Fatiguée de cette incessante rotation
Et prise de tournis ?
Si c’était cela, certains seraient continuellement dans un jour sans fin.
D’autres dans le tunnel de la nuit noire, le plaisir des chouettes,
Tels des noctambules devenant des nyctalopes,
Dont certains chercheraient à migrer,
Attirés comme des moustiques par la lumière.
D’autres encore dans l’aurore ou le crépuscule perpétuel,
Navigueraient dans un clair-obscur.
La végétation sans cesse éclairée se fatiguerait de cette luminosité incessante,
Celle plongée dans les ténèbres mourrait de l’absence des bienfaits solaires.
​
Faute de rotation,
La force centripète s’anéantirait
Et nous serions compressés au sol, trop aimantés par le centre terrestre.
Les avions ne pourraient plus s’envoler,
Les bateaux couleraient,
Les oiseaux feraient du rase motte,
La marche serait pénible,
Et soulever une masse serait un supplice.
Alors, espérons que cela ne se produise jamais,
Que la rotation perpétuelle se poursuive quotidiennement
Pour ne pas vivre ces affreuses conditions
Complémentaires à celles qui, hélas, nous sont déjà promises,
Pour que les lendemains puissent rester un espoir,
Et que de temps en temps,
Nous puissions procrastiner
En reportant des actions à demain…
A LA QUEUE LEU LEU
Lundi dernier, je faisais la queue en queue de cortège à la queue leu leu.
Nous nous dirigions vers la queue d’un train,
lorsqu’une fillette à queue de cheval me fit une queue de poisson.
Il me semblait que son comportement n’avait ni queue ni tête
mais je me méfie de mes opinions
car je n’avais rarement la queue d’un avis,
vu que j’étais régulièrement en queue de classe.
C’est alors que j’aperçus un pianiste en queue de pie
jouant sur un piano à queue.
Ses habits montraient qu’il tirait le diable par la queue
et qu’il semblait jouer pour des queues de cerise.
Et voilà, vous constatez que ce texte se termine en queue de poisson,
et pour éviter de se mordre la queue,
je vous quitte la queue basse … et entre les jambes…
PETITS PLAISIRS
Je chevauche un alezan.
Devant, une voiture de pompiers avec son échelle.
Derrière, une ambulance avec son gyrophare tournant.
A ma gauche, un cochon tout rose monté par un petit garçon.
Au-dessus, un hélicoptère piloté par deux frères.
Plus loin devant, un chameau attend son cavalier.
Le précédant, une troïka à bascule.
Et à sa gauche, un lion rugissant.
Ah ! Quelle joie, ce manège !
TAPEZ 1 TAPEZ 2
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Si vous êtes étonné, tapez hein ?
Pour un homme averti, tapez 2
Pour des mousquetaires, tapez 3
Pour les vérités, tapez 4
Pour un mouton particulier, tapez 5
Pour la France, tapez 6
Pour des péchés capitaux, tapez 7
Pour un octet, tapez 8
Pour les muses, tapez 9
Pour des plaies égyptiennes, tapez 10
Pour un thé du matin, tapez 11
Pour des travaux herculéens, tapez 12
Pour une douzaine améliorée, tapez 13
Pour les dents infantiles, tapez 20
Pour des noces dorées, tapez 50
Pour une guerre interminable, tapez 100
Pour faire les coups, tapez 400
Pour un conte oriental, tapez 1001
Pour des verges, tapez 11 000
Pour une excursion sous-marine, tapez 20 000
Pour un chant survolté, tapez 100 000
Pour des dollars, tapez 1000 milliards
Enfin, si cela vous tape vraiment sur les nerfs, passez à une autre nouvelle…
ZODIAQUE
Bélier : méfiez-vous du taureau qui n’est pas aussi vierge qu’on ne le pense.
Taureau : vous êtes le lion de votre harem bovin qui ne laisse pénétrer aucun scorpion.
Gémeaux : les deux plateaux de la balance sont à votre image, jumeaux.
Cancer : Vous êtes le paria des autres signes.
Lion : de mer, les poissons sont votre pitance. De terre, le bélier concurrence votre fourrure.
Vierge : êtes-vous certaine de l’être encore avec tous ces béliers, taureaux, scorpions et poissons autour de vous ?
Balance : était-elle réglée quand les fléaux s’agitèrent ?
Scorpion : vous êtes le cancer du désert qui aurait apprécié d’en être vierge.
Sagittaire : mouvement des béliers, lions, scorpions et poissons pris ensembles dans la même nasse.
Capricorne : attention, vous êtes un parallèle du cancer.
Verseau : vous êtes en balance avec le recto.
LA COMTESSE EST CONTEUSE
La comtesse conteuse
Est une maitresse majestueuse,
Une drôlesse lumineuse,
Quoique dans sa sagesse sérieuse
Elle développe une hardiesse tortueuse.
Dans une allégresse joueuse,
Elle est déesse chaleureuse
Toute d’une délicatesse enjôleuse.
Ah quelle diablesse calculeuse,
Cette enchanteresse farceuse,
Telle une hôtesse merveilleuse
D’une jeunesse joyeuse
Et de noblesse prestigieuse !
Par sa politesse délicieuse
Cette princesse somptueuse
Sans richesse tapageuse
Prodigue une tendresse voluptueuse.
JAMAIS DEUX SANS TROIS
Que ne dit-on souvent « jamais deux sans trois »…
Selon cet adage, je m’attends donc à voir pousser une troisième jambe, probablement centrale, faisant office de queue comme les kangourous.
De même, un troisième œil s’installerait à l’arrière de mon crâne comme un rétroviseur.
Ou encore une troisième oreille se placerait sur le haut de ma tête comme un radar.
Je verrais bien aussi une troisième narine implantée sur l’os nasal.
Eh oui ! Si le « jamais deux sans trois » s’appliquait à l’évolution des espèces, voilà ce que nous deviendrions.
Mais alors, si le troisième s’impose après le deuxième, qui se risquerait à se marier avec un primo divorcé pour devenir le deuxième de la liste de ses conjoint(e)s, poste en CDD, en attendant l’irrémédiable troisième ?
Quant au troisième parent, quelle serait sa mission ? Celle du suppléant de l’un des deux habituels ?
Notons que le nombre « deux » possède deux voyelles et deux consonnes. Cela est sans doute provisoire en attendant une prochaine orthographe comme « ddeeux » ou « deuxxe ». Quelle étrangeté !
Mais le nombre « trois » quant à lui possède deux voyelles et trois consonnes. Il est déjà dans sa phase de transformation. Il ne reste que les deux voyelles à compléter pour atteindre, par exemple, « troias » ? Notons que la ville de Troyes en est déjà à sa phase terminale.
Le shakespearien « être » deviendrait « eistre » ? Alors que hêtre a encore quelques feuilles à faire pousser sur ses deux voyelles.
Le pauvre La Fontaine se retournera dans sa tombe lorsque l’on recomposera quelques-unes de ses fables comme « les deux amis », « les deux pigeons », « les deux chèvres », « les deux coqs »…
On ne pourra pas l’effectuer en « moins de deux », mais « en moins de trois ». Et ce sera plus long.
Cependant, des transformations se sont déjà produites :
La règle de trois ne peut désormais s’imaginer autrement.
La trinité : qui imaginerait le père et le fils sans le Saint-Esprit ? D’ailleurs, actuellement, qui est le Saint-Esprit ? La femme ?
Mais quand toutes les transformations seront achevées, à quoi servira le nombre deux ? Eh bien, nous déclinerons : un, trois, quatre…. Jusqu’au jour où l’on dira « jamais trois sans quatre »…
DOUBLES LETTRES
AA !
le BB de DD
a CC de TT.
OO ! Il a fait KK.
Alors EE ! GG et PP
ont essuyé le QQ de DD
ViVi !
LE BLUES DU DOUZE
Le douze broie du noir !
Dans les ténèbres du soir
A minuit tintent les douze coups.
Alors le douze a le blues.
Celui des douze hommes en colère
Pour qu’ils en décousent d’une décision floue,
Ou encore celui des douze salopards
Jouant les barbouzes,
Mais aussi celui de ce bel Hercule
Dans la bouse d’Augias parmi ses douze travaux,
Celui des douze apôtres
Voyant leur vierge dans les douze zodiaques,
Mais encore celui du blues à huit temps qui jalouse
Le bel alexandrin à douze pieds
Relatant la belle andalouse dans sa blouse
Sur la pelouse du clubhouse
S’exerçant pour du flouze à une partouze
Où elle côtoie les épouses de tantouzes.
Oui ! Le douze a le blues
Préférant désormais treize à la douzaine.
UN JOUR SUR DEUX
Chers auditeurs, nous rediffusons la prise de parole du premier ministre :
« Mesdames et messieurs, chers concitoyens, les données actuelles sur la situation sanitaire dramatique de notre pays nous oblige à décider une mesure inédite. Chacun d’entre nous ne pourra sortir qu’un jour sur deux de la façon suivante : les personnes nées un jour pair ne pourront sortir les que jours pairs et devront rester à leur domicile les jours impairs ; inversement, les personnes nées les jours impairs ne pourront sortir que les jours impairs et devront rester à leur domicile les jours pairs. Cette décision s’applique à tout citoyen, quel que soit son âge et son activité. Les forces de l’ordre ont le pouvoir de sanctionner ceux qui dérogeraient à cette règle. Je vous remercie pour votre attention ».
Sans attendre, notre collègue Antoine Bernois a interviewé des passants. Voici quelques remarques :
Un retraité :
Eh bien pour nous, ce n’est pas un problème. Ma femme et moi sommes de dates paire et impaire. On pourra sortir tous les jours pour faire nos courses !
Une maman :
Comment je vais m’organiser pour aller porter mon fils à l’école ? il est né un jour pair et moi un jour impair…
Un amant :
C’est malin, ma maitresse et moi sommes de dates opposées !
Un représentant de commerce :
C’est stupide : je ne pourrai aller voir mes clients qu’un jour sur deux, et uniquement ceux de la même parité que la mienne !
Un célibataire :
Ben moi, j’ai de la chance. Quand je suis né, ma tête est sortie 5 secondes avant minuit et mes pieds 10 secondes après. Je suis donc pair et impair !
Un mari :
J’ai enfin trouvé un motif de divorce !
Un commerçant :
Il faut être à deux pour gérer notre boutique, comment vais-je faire avec ma femme qui est impaire et moi pair ?
Un agent de Pôle emploi :
Maintenant, les employeurs choisissent les candidats selon la date de naissance. Du jamais vu ; c’est presque un motif de discrimination ! Certains recruteurs superstitieux en profitent même pour choisir selon le signe du zodiaque !!!
Un humoriste :
Un père pair, c’est logique. Un père impair, c’est une répétition. Une mère pair est probablement une lesbienne. Une mère est impair, ça non !
Un agent de police :
Que faire d’un citoyen pair dans une voiture de plaque impaire ?
Un cycliste :
Les deux roues les jours pairs et les tricycles les jours impairs ?
Un croupier :
Impair et passe la journée chez moi.
Un inquiet :
Un impair qui sort un jour pair fait donc un impair ?
Un malin :
Ah ah ! Je suis impair. Les jours pairs pluvieux, je sortirai donc avec mon imper.
Un juriste :
Vous avez remarqué : dans une année, il y a sept mois de 31 jours et cinq mois de 28 et 30 jours ? Eh bien, les impairs bénéficieront de deux jours consécutifs de sorties les 31 et 1er, inaccessibles aux jours pairs. C’est inégal et certainement anticonstitutionnel !
Un poète :
Bien heureuse cette alternance pair impair
Pour qu’enfin le virus ne prospère
Car par ses manigances il nous exaspère.
Qui plus est par leur langue de vipère
D’aucun malintentionné nous exaspère
Par ses insatisfactions qu’il vitupère.
Si par cette astuce chacun de nous coopère
L’avenir que chaque quidam espère
Pour tous sera super.
Voilà, chers auditeurs, un jour sur deux dans son repaire.
ROMAINS
IV fois V font XX
IV fois VI font XXIV
IV fois VII font XXVIII
Oh ! Comme tout cela est ennuyeux
Pour un enfant haut comme III pommes
Qui doit se mettre en IV
Pour maîtriser la preuve par IX.
C'est comme apprendre les V doigts de la main,
Les XII mois républicains
Et les VII planètes autour du soleil.
En fait, tout cela serait III fois rien
Si de la mythologie grecque
Il n'y avait aussi les IX muses
Et les XII travaux d'hercule.
Quant aux VII merveilles du monde,
Elles compensent l'horreur des X plaies d'Égypte.
Pauvre enfant à M lieues de la guerre de C ans
qui doit aussi apprendre celle de XIV-XVIII.
Manifestement, il préfère le conte des CI dalmatiens
Ou bien celui des MI nuits,
Ou encore faire les CD coups.
Rien n’est simple pour un enfant
Qui doit ainsi tourner VII fois sa langue dans la bouche,
Souffrir de M maux,
Répéter X fois la même chose,
Et parfois voir XXXVI chandelles.
En I mot comme en C,
Cela lui fera-t-il gagner des M et des C
Sans attendre CVII ans ?
Cependant le maître a M fois raison :
Il faut se cultiver !
CALCULS ABYSSAUX
Nous sommes 7,7 milliards de terriens.
Autant de natalités vécues par des Mamans,
Soit 5,8 milliards d’années de grossesse !
Pourquoi ce calcul ?
A la fois par curiosité,
Mais aussi pour constater
Que cette durée de conceptions
Est désormais supérieure
A l’existence de notre terre
Vieille de 4,5 milliards d’années.
Alors, bravo à toutes les Mamans,
Plus puissantes ensemble que notre terre !
LE MILLE POTES
Le mille-potes fait partie du genre humain.
Embranchement : myriapotes
Classe : Amitié
Ordre : Fidélité
Famille : Relations aisées
Genre : Facilité d’accès
1 - Description morphologique
Le mille-potes est morphologiquement identique à tout autre individu du genre humain. Seul son cerveau peut présenter quelques différences dans les parties neuro-humanistes dont le logiciel neurologique favorable à la convivialité et l’empathie a été développé en parallèle de la constitution de sa personnalité grâce à l’ensemble des expériences vécues par l’individu tant dans sa jeunesse et son adolescence que parmi sa vie adulte.
Au sens figuré, le mille-potes possède de nombreux segments qui sont autant de cercles d’amis. Sa morphologie possède une souplesse qui lui permet de s’adapter à son environnement sans le stresser tout en l’impactant positivement.
2 - Evolution de l’espèce
Le mille-potes a toujours existé et a continuellement connu des prédateurs nuisibles voire très dangereux. Dans cette espèce, on peut citer des personnages de tous temps, relatés dans les livres de paroles (Torah, Bible, Coran) ou parmi les religions orientales, mais aussi, plus récemment, parmi quelques figures comme Saint Martin, Lazare de Schwendi, mais aussi les sœurs Teresa et Emmanuelle. De tout temps, de nombreux anonymes non répertoriés ont peuplé l’espèce des myriapotes.
3 - Comportement
Le contact avec un mille-potes est très facile. Aucune partie de son corps n’est dangereuse pour tous ceux qui veulent l’approcher. Par principe, l’amitié prévaut. Il est très facilement rieur et communique cette caractéristique. Il possède des antennes sensibles aux autres humains qui le met à l’écoute des autres. Très souvent, il est fidèle et aime passer du bon temps avec ses congénères. C’est un vrai ami accessible à la confidence. Il aide, il regonfle ses congénères, il les soude. Il est écouté. À tout moment de ses déplacements, il est contacté grâce à sa physionomie attirante.
Face à une agression caractérisée, le mille-potes peut décider l’attaque comme stratégie de défense dans le seul but d’éloigner son prédateur. Il peut alors parfois compter sur des amis pour l’aider dans cette action, mais très souvent, leur pleutrerie les en éloigne, préférant la sauvegarde individuelle, quitte à renier certaines expériences passées avec le mille-potes.
Attention aux faux mille-potes très bien décrits par Robert Louis Stevenson dans Docteur Jekyll and M. Hyde, que l’on pourrait classer parmi les hybrides à l’espèce.
4 - Ecologie
Le mille-potes participe amplement et favorablement à l’écologie mentale de son environnement.
5 - Conservation
Des menaces pèsent sur son espèce. La présence perpétuelle de prédateurs risque de lasser cette espèce si utile à la sociabilité de l’humanité. Un risque qui pourrait nuire à sa reproduction en étant plus fort que la seule transmission génétique. D’ailleurs, aucune action n’est actuellement menée pour assurer sa protection. Bien au contraire : dans sa dérive, la culture populaire - via les médias et les réseaux sociaux - tend à s’intéresser davantage aux méfaits de l’homme qu’à ses bienfaits. Par ce fait, les avantages de l’espèce des mille-potes et les conséquences positives sont rarement mises en valeur, ce qui contribue à défavoriser leur conservation. Seule la détermination de l’espèce elle-même la sauvera.
7 – Conclusion
N’oublions donc pas l’espèce des mille-potes. Sa disparition serait une calamité pour le genre humain. A cette fin, contribuons chacun à son repeuplement en mutant soi-même vers cette espèce et en participant à la mise en place d’un programme éducatif qui en garantira la pérennité.
Enfin, proposons de l’inscrire au patrimoine mondial de l’humanité.
A MAIN DANS LE SAC
-
Alors, jeune homme, je te prends la main dans le sac !
-
Eh bien inspecteur, je crois que j’ai perdu la main.
-
Ah, tu pensais faire main basse sur le butin ?
-
Oui, mais je vois que la main tourne.
-
Et tu aurais peut-être souhaité que je te donne un coup de main ?
-
Et vous auriez été un innocent les mains pleines ?
-
Bon suffit ! Haut les mains.
-
Ah là, vous n’y allez pas de main morte !
-
Plutôt de main de maître. Les mains en l’air, j’ai dit.
-
Tomber aux mains de la police, c’est rageant !
-
Peut-être est-ce la main du destin ?
-
J’ai donc la main malheureuse.
-
Et tu n’avais pas d’homme de main pour faire le guet ?
-
Pour cela, il aurait fallu que je lui mette les cartes en main.
-
Pourtant, il y en a plein à se mettre sous la main.
-
Je sais, ils font tous des pieds et des mains pour un petit boulot.
-
Même en sous-main, tu ne souhaitais pas ?
-
Malgré tout, ce n’est pas facile de leur mettre le marché en main.
-
Je comprends, tu préférais avoir les mains libres.
-
Effectivement, les hommes à toutes mains ne sont pas fiables.
-
Tu ne veux pas leur tendre la main ?
-
Ce n’est pas une bonne main d’œuvre.
-
Vous auriez pu travailler la main dans la main ?
-
Pas pour une affaire à portée de main.
-
En fait, cela t’aurait déplu d’avoir les main liées avec un autre.
-
Oui, j’aime avoir seul les affaires en main.
-
Cela aurait été une politique de la main tendue…
L’inspecteur, considérait avoir la situation bien en main. Heureux d’avoir mis la main sur le malfrat. Il le sait, pour tous ces énergumènes la main passe un jour. Au moins, il ne revient pas au commissariat les mains vides. Mais il aurait juré qu’un complice lui aurait prêté la main. Il en aurait même mis sa main au feu. Néanmoins, il se frottait les mains de contentement pendant que sa proie se tordait les mains de désespoir.
Quant au malfrat, connaissant l’inspecteur, une main de fer dans un gant de velours, il se savait dans de bonnes mains. Bien sûr, il n’a pas le cœur sur la main, mais quand quelque chose lui tombe facilement sous la main, il considère avoir eu la main heureuse. Son attitude aurait été différente en cas de vol à main armée. Néanmoins, le malfrat aurait préféré réussir pour refiler son butin en deuxième main. Pourtant, il avait bien préparé son coup de longue main, lui qui se croyait habile de ses deux mains.
-
Bon, jeu de mains, jeu de vilain, je te remets maintenant en mains propres dans les mains de mes collègues.
-
Pour l’interrogatoire, vous ne mettez pas la main à la pâte ?
-
Tu veux que je te flanque ma main sur la figure ?
Arrivé au commissariat, face aux agents, le malfrat se prit la tête entre les mains quand il entendit les plaintes à son sujet déposées sur la main courante.
Il fut donc remis dans la main de justice qui décidera éventuellement d’une mainlevée.