Mes écrits
Jacques LAUNAY
JEUNESSE
SOMMAIRE
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Triste lune (Fév 2024)
Cueillir la lune (Oct 2023 - 1 minute)
L'écureuil et le loup (Janv 2022 - 1 minute)
Les coquillages extraordinaires (Fév 2022 - 3 minutes)
Le rossignol de Juliette (Avril 2021 - 4 minutes)
Les quatre renardeaux (Déc 2021 - 2 minutes)
L'arc-en-ciel a disparu (Déc 2020 - 2 minutes)
Le tableau magique (Déc 2020 - 4 minutes)
Timy la petite fourmi qui voulait voler ( Déc 2019 - 2 minutes)
L'arbre mon ami (Mai 2021 - 3 minutes)
TRISTE LUNE
Conte improbable
Avez-vous remarqué que la lune affiche souvent un regard triste ?
En voici la raison :
Bien avant que la lumière soit, les ténèbres envahissaient tout l’univers. Comme tous les astres, la lune y était plongée. Dans cette noirceur, elle s’ennuyait terriblement. Que pouvait-elle distinguer, elle qui tournait indéfiniment autour de notre terre ? Toutes les autres planètes vivaient elles aussi dans ces ténèbres. Mais sans doute étaient elle moins sensibles que la lune qui se morfondait terriblement.
C’est alors que le soleil eut pitié de tous et pointa le bout de son nez. De temps en temps, il apportait un peu de lumière. Au début, des flashs qui se transformèrent progressivement en éclairages de plus en plus prolongés. Cela ravit tout le monde. Mais la lune tellement attristée par toute cette ancienne période nocturne ne parvenait toujours pas à sourire.
Par ses éclats lumineux, le soleil tentait de lui apporter la chaleur qu’un être malheureux requiert. Dans sa générosité, il prolongeait de plus en plus ses séjours avec la lune. Il savait qu’elle le nécessitait.
Alors dans sa bienveillance, il allongeait la durée jusqu’à ce que son temps de présence soit identique à son temps d’absence. Il ne pouvait en faire davantage car il avait besoin, lui aussi, de se reposer de toute cette dépense d’énergie pour nous éclairer et nous chauffer.
Alors, parfois, il prolongeait un peu plus son temps, l’été ; ou il le raccourcissait car il était particulièrement fatigué, l’hiver. Néanmoins, il était toujours là pour nous et pour la lune dont le souvenir de sa tristesse ne cesse de la poursuivre et de lui imprimer ce visage langoureux.
Et c’est ainsi qu’il agit dorénavant.
Vous qui aimez cet astre attaché à notre planète, à défaut de pouvoir le réchauffer, souriez-lui, montrez-lui votre plaisir à le regarder. Peut-être qu’un jour il se décidera enfin à sourire…
CUEILLIR LA LUNE
Je me promenais nuitamment dans une lande parsemée de nombreux étangs. Dans chacun d’entre eux, je voyais la lune. Cela m’intriguait car je croyais qu’il n’y avait une seule lune. Mais que diable, pourquoi y en avait-t-il autant ? Au regard de toute cette quantité, je me disais qu’en dérober une ne devrait porter aucun préjudice. D’ailleurs, qui me verrait dans cette nuit presque noire, d’un gris bleu sombre très prononcé ? Personne ne s’apercevrait de mon larcin.
Mais comment cueillir une lune nageant dans un étang ? Je me promenais sans attirail. Je n’avais évidemment pas de canne à pêche. Je partis alors à la recherche d’une branche, suffisamment longue pour atteindre l’objet de ma rapine. J’en trouvais une parmi les nombreuses tiges s’élevant d’un têtard. Celui-ci était à ma hauteur. A force de pliages répétés, elle finit par se briser et je pus m’en emparer. Après un effeuillage complet, elle devenait l’outil qu’il me fallait, bien assez rigide pour son usage éphémère.
Je me dirigeais donc vers l’étang le plus proche. Une belle lune, bien ronde et laiteuse y nageait. J’abordais le bord de l’eau avec les précautions nécessaires pour ne pas m’enfoncer dans le sol spongieux. Puis cherchant à maîtriser mes gestes, je tendais la branche au-dessus de l’eau. J’en approchais le bout vers la lune. Mais à peine avait-il touché la surface que celle-ci se mit à frissonner (non pas du froid de la nuit, mais lors de l’introduction de mon outil dans l’eau) puis la nappe se mit à onduler depuis le point d’impact.
Alors, la lune se déforma en zébrures circulaires, quittant sa belle rondeur initiale. J’avais perdu la lune que je souhaitais dérober. Déçu, je me détournais de cet étang pour aller vers un autre, toujours muni de ma branche.
Dans l’étang suivant, je trouvais de nouveau une lune d’une rondeur parfaite, comme la précédente. Elle me plût, comme sa collègue. Avec ma branche, je tentai de la saisir, comme la précédente. Là aussi, l’eau décida d’ondoyer et d’altérer l’objet de ma convoitise.
Il me fallut aller voir un troisième étang, puis un quatrième, puis un cinquième… J’en fis autant que je pus toute la nuit, mais en vain. Dans chaque étang, la lune se transformait en formes indésirables.
A l’aurore, je dus me rendre à l’évidence de l’impossibilité de cueillir une lune. Je rentrais alors chez moi, penaud comme un pêcheur aux espérances détruites.
Finalement, j’en vins à la conclusion qu’une seule lune peut être cueillie. Mais celle-ci est bien trop loin…
L’ECUREUIL ET LE LOUP
Selon « le crocodile et l’esturgeon » de Florian.
Dès potron-minet, dans une brume encore épaisse, deux grenouilles sœurs gambadent dans l’herbe. Elles se coursent en sautillant pour se dégourdir les pattes après un sommeil réparateur. Elles pensent être à l’abri des prédateurs généralement encore endormis à cette heure. La brume ouatée leur semble un écran qui les éloigne du regard des dangereux carnivores.
Bien mal leur en prend car elles passent à proximité d’un loup qu’une faim tenace a maintenu éveillé toute la nuit. Les grenouilles ignorent le danger proche. L’une d’elle est avalée illico par l’animal féroce. Paniquée, la grenouille sœur accélère ses mouvements, parvient à s’échapper des griffes du loup et court confondre sa robe verte dans les herbes touffues.
Un écureuil présent sur les lieux de la tragédie observe la scène. Il constate que le loup verse quelques larmes, ce qui ne lui est pas coutumier. Mon dieu, se dit-il, ce scélérat qui fait de nous, animaux faibles, sa pitance quotidienne serait-il pris du remords d’avoir englouti une grenouille pour lui si délicieuse ?
Poussé par la curiosité de cette situation insolite, du haut de sa branche et hors d’atteinte de son ennemi, l’écureuil apostrophe le loup :
-
Cher ami (de ces personnages, il est préférable d’en faire un ami), pleures-tu ton forfait ? Cruel, tu implores désormais pitié auprès de cette grenouille que tu viens d’avaler sans coup férir et qu’à travers ton pelage je vois encore frémir ? Malheureux ! Manger un si bel être ! Mais mon cher loup, je vois par tes larmes que ton cœur s’est adouci. C’est une belle décision que tu vas prendre de rendre la vie à cette grenouille attendue par sa sœur et ses parents. Toute la faune ici présente louera ton geste chevaleresque, te sera à jamais reconnaissante et fera de toi un nouvel ami. Et j’en suis sûr, tu convaincras les tiens de pratiquer la même repentance. Notre univers deviendra alors un Eden.
-
Oui, répond le loup, je pleure en ce moment … de n’avoir pu hélas attraper sa sœur !
Les larmes du cruel ne sont pas repentance...
LES COQUILLAGES EXTRAORDINAIRES
Hier, je me promenais au bord de la mer sur une plage réchauffée par un agréable soleil de juin. Le vent léger du large transportait des odeurs marines ; mes poumons se remplissaient d’iode ; mes pieds nus moulaient le sable humidifié par le reflux ; et quand je pénétrais dans l’eau, les vagues massaient mes mollets. Puis assis sur le sable, je profitais de cette vue infinie de la mer portant de frêles bateaux, lesquels nous offraient un ballet aux voiles multicolores. Le peu de monde sur la grève contribuait à une tranquillité reposante. J’entendais clairement le bruit ininterrompu des vagues, leur éclatement final, leur étalement mousseux. Les mouettes n’étaient pas en reste, à la recherche d’une pitance poissonneuse, s’interpellant entre elles dans une chorégraphie aérienne.
En fin de journée, enivré par toutes ces perceptions sensorielles, je revins à mon domicile, les poches remplies de quelques coquillages glanés ici et là que je comptais, comme à l’habitude, peindre selon l’inspiration du moment. La saine fatigue de la journée écourta ma soirée et je m’installai très vite dans les bras de Morphée.
Le lendemain matin, un dimanche où je comptais profiter plus longuement de mon lit, je fus réveillé par le bruit étouffé de la mer, comme si j’étais resté sur la plage de la veille.
-
C’est impossible, me dis-je, j’habite trop loin de la mer pour percevoir ce genre de bruit ! N’aurais-je pas oublié d’éteindre la radio hier soir avant mon endormissement ?
Je restai alors allongé quelques minutes à attendre qu’un animateur de l’émission radiophonique commente la diffusion de ce bruit marin. Mais en vain. Cinq minutes passèrent et aucun orateur ne se manifestait. Les sonorités de la grève se poursuivaient.
-
Mais au fait, je n’ai pas écouté la radio hier soir ! Pourquoi fonctionnerait-elle ce matin ? Elle ne peut pas se mettre en route par elle-même ! Elle n’est pas programmée comme un radioréveil !
Cela m’intriguait, d’autant que j’étais seul dans cette maison.
-
Quelqu’un se serait-il introduit pendant mon sommeil ?
Je me levai, peu rassuré par cette étrange situation. Je me dirigeai prudemment vers la porte d’entrée et la constatai bien verrouillée. Je fis le tour des différentes pièces : toutes les fenêtres étaient correctement fermées. Les volets étaient bien clos. Les plafonds étaient intacts, et la maison sans étage ne possédait aucun sous-sol. De plus, je n’ai jamais prêté ma clé à qui que ce soit. Manifestement, personne n’a pu pénétrer chez moi ! Rasséréné par ce constat, j’étais malgré tout intrigué par l’étrangeté de ce bruit de vagues et de mouettes que je continuais à percevoir, quoique lointain.
Je recommençais le tour des pièces. En fait, le bruit s’accroissait légèrement lorsque j’empruntais le vestibule. J’ouvris alors la porte du placard à vêtements et le bruit s’amplifia. Il venait donc de là !
Balayant mes habits de mon oreille droite, je m’arrêtai sur la veste que j’avais porté hier. Le bruit venait de la poche gauche dans laquelle j’avais oublié les coquillages ! J’y plongeai ma main pensant découvrir un petit émetteur qu’un malin y aurait glissé hier à mon insu pour me faire une mauvaise farce.
Et vous ne me croirez pas : je n’en ressortis que les coquillages ramassés hier. Le bruit marin en sortait, comme s’ils avaient conservé la mémoire de leur séjour sur la plage !
Les inspectant davantage, je constatais que les coques émettaient le bruit des vagues et les couteaux celui des mouettes. C’était extraordinaire ! Les odeurs marines me revenaient. Mes pieds retrouvaient le velours du sable mouillé. Mes mollets ressentaient le massage des vagues. Mon corps se détendait. Mon esprit s’apaisait.
Passé mon étonnement, je décidai de les installer sur la table de mon salon.
Depuis, de temps en temps, je prends plaisir à les déplacer, à les changer de pièce, les éloignant ou les rapprochant, pour varier cette ambiance marine dans mon chez-moi.
LE ROSSIGNOL DE JULIETTE
Selon « le bouvreuil et le corbeau » de Florian
Juliette possédait un rossignol qu’elle avait installé dans une cage spacieuse. Pour elle, il chantait admirablement juste et fort : elle l’avait nommé Stentor. La cage prenait une large place dans le salon tout comme son choriste emplissait amplement son cœur. Depuis la cuisine, la chambre ou la salle de bain, Juliette jouissait de ses chants. Ses airs variés l’enchantaient. Elle appréciait ses mélodies douces et pures, ses accents filés, ses brillantes cadences issues de son gosier si flexible, ses tonalités sonores vives et lentes, et si sensibles. Parfois, elle enregistrait ses exploits vocaux pour les écouter dans la voiture. Elle avait même sélectionné l’un d’eux pour la sonnerie de son téléphone. Juliette présumait son pensionnaire satisfait dans sa large cage. Mais parfois, elle oubliait de lui présenter sa pitance quotidienne. Et il ne lui venait pas à l’esprit que les variations de chant indiquaient une faim tenace à assouvir le plus urgemment possible.
Juliette adorait observer Stentor dans sa cage où il virevoltait gaiement. Lorsqu’il se reposait, elle admirait son ramage multicolore. Oh certes ce n'était pas un ara aux couleurs vives et contrastées, mais Stentor arborait un bec rouge serti dans une robe jaune s’orangeant vers les pattes. Ses ailes se répartissaient un rose violacé et un gris clair lumineux.
Stentor égayait ainsi les journées de Juliette : à son réveil pour rappeler le lever du soleil, à son retour du travail pour marquer sa joie de la retrouver, lui faisant une fête accompagnée de danses frénétiques - surtout quand il avait l'estomac vide, puis le soir pour accompagner les émissions télévisuelles.
Mais Stentor n'était pas le seul à faire entendre sa voix. Dans le jardin nichait un corbeau qui croassait sans cesse. Son chant roque et monotone agaçait Juliette et ne s’harmonisait pas avec celui de Stentor. N'arrivant pas à s'en débarrasser, Juliette avait imaginé un artifice pour le contenir au silence : le rassasier plus que de raison. A cette seule condition, le corbeau restait coi, laissant Stentor libre d'exécuter ses trilles.
Évidemment Stentor développa une jalousie contre le corbeau qui bénéficiait régulièrement de plats substantiels alors que lui pâtissait parfois des oublis de sa propriétaire. Vocalement, il en exprimait d'autant sa déconvenue, mais toujours mal compris par Juliette qui se pâmait de ses chants.
La situation était ubuesque : le corbeau, libre et bien nourri, demeurait silencieux dans le jardin ; Stentor, ténor infatigable et condamné dans sa cage, souffrait des oublis alimentaires de sa maîtresse.
Un jour, Juliette oublia de refermer la cage. Stentor s'en aperçut et, imaginant qu'il trouverait plus agréable pour son estomac de vivre à l'extérieur de sa prison, décida de filer à l'anglaise vers d'autres lieux probablement plus nourriciers.
Alors Juliette s’ennuya de ne plus entendre son ténor. Elle en oublia de rassasier le corbeau qui se remit à chanter, puis il s’échappa lui aussi vers d’autres cieux plus hospitaliers.
Le silence s’installa définitivement autour d’une Juliette désespérée de cette disparition…
Moralité : si tu souhaites conserver l'agréable compagnie d’une personne, fais en sorte qu'elle en éprouve sans cesse du plaisir.
LES QUATRE RENARDEAUX
Un jour, Maman renarde donna naissance à 4 renardeaux. Dès qu'ils purent bouger, elle s'aperçut que l'un était aveugle. Elle l'appela Anatole. Un autre était sourd. Elle le nomma Sylvain. Le troisième avait des difficultés à réfléchir selon les usages des renards. Elle lui donna le nom de Daniel. Quant au quatrième, il n'était ni aveugle, ni sourd, et sans difficulté de réflexion. Sa Maman disait qu'il était normal. Elle l'appela Nestor.
Comme toutes les portées de renardeaux, ils prenaient plaisir à vivre et jouer ensemble. Bien sûr, Anatole, aveugle, ne voyait pas ce que faisaient ses trois frères. Mais il développait progressivement ses autres sens. Son ouïe devenait de plus en plus fine et il entendait mieux que ses frères. Il se guidait et se positionnait dans les jeux grâce à son ouïe. Son odorat aussi, davantage développé, lui permettait de mieux flairer son environnement et surtout de choisir sa nourriture. Sylvain, sourd, voyait très bien que ses congénères articulaient leur bouche, alors qu’elle était vide. Il n’entendait ni les cris de ses frères ni les appels de sa Maman. Alors, sa vision était bien meilleure que celle de ses 3 frères. Son odorat aussi était développé comme celui d’Anatole. Quant à Daniel, ses décisions paraissaient tellement loufoques auprès des autres qu'ils se disaient "c'est tellement inhabituel qu'on va créer de nouveau jeux". Nestor, lui, profitait des différences de ses frères qui l’avertissaient l’un d’un ennemi au loin, l’autre d’un agréable dessert déniché au fil de leurs pérégrinations, le troisième d’une idée inhabituelle.
Chacun avait ses différences, et tout le monde en profitait.
Devenus adultes, ils chassaient ensemble. Anatole entendait en premier une proie se déplacer au loin. Sylvain voyait un lapin immobile bien avant les autres. Anatole et Sylvain souvent se disputait une odeur perçue. Et Daniel suggérait des chemins improbables dans lesquels les trois autres n'auraient pas imaginé s'aventurer. Et enfin, la proie étant bien repérée et la stratégie d'attaque établie, Nestor donnait l'assaut, suivi des 3 autres pour lui prêter main forte.
Fièrement, ils rapportaient leur butin à leur Maman et lui contaient leur aventure. Alors, elle les félicitait chacun pour leurs capacités respectives et complémentaires.
C'est ainsi que la famille pu manger à sa faim, très longtemps !
L’ARC-EN-CIEL A DISPARU !
-
Regarde Maman le bel arc-en-ciel !
-
Oui mon chéri, tu peux me dire quelle est sa forme ?
-
Oui Maman, c’est comme un cintre dans le ciel. Mais dis Maman, il est trop grand pour y pendre un vêtement ? Ou alors le vêtement du soleil ?
-
Non, Théo, le Soleil n’a pas de vêtement. Il est déjà très chaud, il n’a pas besoin de se réchauffer davantage.
-
Mais alors, à quoi sert-il ?
-
Oh ! je crois qu’il sert à faire joli dans le ciel. C’est une belle décoration, ne trouves-tu pas ?
-
Oui Maman, comme une guirlande sur un sapin. Mais alors, qui l’a posé à cet endroit ?
-
Personne. Il est arrivé tout seul, pour notre plaisir.
….
-
Maman, Maman !!! L’arc-en-ciel a disparu !!!
-
Tu es sûr de toi ?
-
Oui Maman, viens voir. Quand on goûtait, il était là, et maintenant il a disparu ! Le ciel était plus beau à regarder avec son arc. Dis Maman, quelqu’un l’a volé ?
-
Je ne crois pas Théo. Pour le voler, il faudrait aller dans le ciel. Qui pourrait bien le faire ?
-
Ben, en avion, Maman !
-
Alors il faudrait un ENORME avion ! Non ce n’est pas possible. Je crois plutôt qu’il est parti comme il est venu.
-
Oh ! Maman, je voudrais que l’arc-en-ciel revienne ! Dis, comment pourrait-on faire pour le décider ?
-
Voyons, Théo, si on retrouvait les bonnes couleurs dans la maison, il pourrait peut-être réapparaître ? Qu’en penses-tu ?
-
Tu crois que ça va marcher ?
-
On peut toujours essayer.
-
D’accord ! Maman.
-
Bon, te souviens-tu des couleurs que tu as vues dans l’arc-en-ciel ?
-
Hum… je crois qu’il y avait du rouge …. du vert …. du jaune.
-
Oui Théo. Il y avait ces trois couleurs. Mais elles ont un ordre. Par exemple, on va commencer par le rouge. Entre le rouge et le jaune, tu n’as pas vu d’orange ?
-
Je ne me souviens pas. Il y en avait ?
-
Bien sûr. Il y a toujours de l’orange qui est un mélange de rouge et de jaune.
-
Il y en avait d’autres ?
-
Oh oui ! Tu ne m’as pas cité le bleu.
-
Ah c’est vrai !
-
Et donc, entre le jaune et le bleu…
-
Il y avait quelle couleur, dis, Maman ?
-
Le vert que tu as cité, Théo
-
Alors, il y avait du rouge, puis de l’orange, du jaune, du vert et enfin du bleu.
-
Là tu m’as décrit cinq couleurs dans le bon ordre. Mais il y en a sept. Donc deux autres après le bleu. Néanmoins, elles sont plus difficiles à distinguer.
-
Lesquelles Maman ?
-
L’indigo et le violet. L’indigo est un bleu sombre. Le violet est la couleur des fleurs de lilas. Maintenant, tu me récites les sept couleurs ?
-
Rouge, orange, jaune, vert, bleu, indigo, violet.
-
Bravo Théo ! Maintenant, je te propose de retrouver des objets de toutes ces couleurs et de les disposer ensemble. Peut-être que cela fera revenir l’arc-en-ciel ?
Alors Théo cours dans toute la maison et amène dans le salon :
Un camion de pompier (rouge, évidemment) ;
Un protège cahier orange ;
Un cube de lego jaune ;
De l’herbe qu’il a arrachée dans le jardin ;
Un bol bleu clair ;
La jupe indigo de sa sœur ;
Mais il ne trouve pas de violet…
-
Eh bien, Théo, tu n’as pas de violet ?
-
Non Maman, j’ai bien une idée, mais je ne peux pas l’attraper.
-
Laquelle ?
-
Une fleur de lilas, comme tu me l’as expliqué pour le violet.
-
Alors je vais te porter pour que tu la cueilles toi-même.
-
Oh merci Maman !
-
Voilà Maman, j’ai les sept couleurs.
-
Alors, tu les ordonnes dans le bon ordre.
-
Voilà, c’est fait.
-
Maintenant, Théo, regarde par la fenêtre.
-
Oh Maman, l’arc-en-ciel est revenu ! C’est formidable !
Mais oui ! Pendant que Théo cherchait les sept couleurs, la pluie tombait de nouveau, au loin, éclairée par un soleil radieux…
LE TABLEAU MAGIQUE
Adolescent, j’habitais une maison très ancienne. Ma chambre comportait une cheminée en marbre gris avec deux colonnes soutenant une tablette. Au-dessus, un conduit de cheminée grimpait au plafond. Accroché à ce conduit, un tableau sans cadre représentait une pièce de jeux dans un ancien château à laquelle on semblait accéder par une porte située en hauteur et d’où descendait un escalier de 6 marches pour atteindre le plancher de la pièce. De nombreux jouets parsemaient les lieux, certains maladroitement rangés dans des coffres. Quelques habits de fêtes et de déguisement pendaient à un portant. Les murs étaient habillés d’un papier peint juvénile. Ce tableau n’attendait plus que des enfants pour l’animer.
Devant ce tableau, quelques boites, des livres et des objets divers reposaient sur la tablette de la cheminée.
Une nuit que j’étais presqu’endormi, et que le carillon du salon sonnait vingt-trois heures, je ressentis que la porte du tableau s’ouvrait. Je n’entendais rien de particulier hormis quelques bruits extérieurs à ma chambre, mais j’imaginais bien que la rotation de la porte sur ses gonds avait dû émettre un grincement. C’est alors que je vis apparaître un chat violoniste dans l’embrasure. Il descendit les degrés de l’escalier pour accéder à la salle de jeux. Mais ce ne fut pas tout : un autre chat violoniste apparut lui aussi dans l’embrasure de la porte, puis encore un autre, et encore un autre et … encore neuf autres chats violonistes. Suivirent huit chiens violoncellistes, trois renards clarinettistes, deux biches flûtistes, trois chèvres trompettistes, deux boucs trombonistes, mais encore trente-six oiseaux sans instrument, des rossignols, des tourterelles, des pies et des coqs.
Tous descendirent dans la salle de jeu. Les oiseaux se perchèrent sur le portant et les instrumentistes se rangèrent en demi-cercle. Je les vis jouer de leur instrument, chacun semblant exécuter leur propre partition sans s’occuper de leur voisin. Du moins, c’est ce que j’ai pensé car je n’entendais rien alors que les archets frottaient des cordes et que les instruments à vent étaient bien animés par leurs propriétaires. Seuls les oiseaux semblaient muets dans cette cacophonie silencieuse.
Puis tout d’un coup, chacun suspendit son geste et demeura immobile. La porte du tableau s’ouvrit de nouveau pour laisser passer un hibou majestueux qui descendit les marches avec grâce puis se dirigea vers le centre du cercle formé par les musiciens. Il les regarda, se retourna et me salua par le déploiement élégant de son aile droite tout en s’inclinant. Puis il fit de nouveau face aux musiciens, et il étendit les ailes presque verticalement. Les musiciens se préparèrent à jouer, les violons sur l’épaule, les violoncelles contre les corps, les vents sur les lèvres. Quelques secondes plus tard, le hibou fit évoluer ses ailes dans tous les sens tantôt avec douceur, tantôt avec fougue. Son corps s’élevait ou s’affaissait, se penchait de droite comme de gauche, comme s’il dansait. Les musiciens s’activaient et je voyais qu’ils suivaient la cadence imposée par le hibou, leur chef. Je n’entendais toujours aucun son, mais je prenais plaisir à observer cette scène étrange dans le tableau anormalement animé.
Soudain, le hibou arrêta son orchestre en repliant brusquement ses ailes contre son corps. Plus aucun instrumentiste ne s’agitait.
Et pour la troisième fois, la porte du tableau s’ouvrit. Apparurent alors des souris en tutu qui dévalèrent ardemment les marches, traversèrent la salle de jeu jusqu’au bas du tableau et, oh surprise, se répartirent sur la tablette de la cheminée (j’espérais que le marbre n’était pas trop froid pour leurs pattes !) Le hibou qui observait cette mise en place, probablement satisfait du résultat, étendit de nouveau ses ailes et l’orchestre s’exécuta.
Les souris en tutu m’offrirent alors un spectacle que jamais je n’oublierai ! Elles évoluaient sur toute la surface de la tablette, utilisant les objets épars comme décor, se cachaient derrière, montaient dessus, s’installaient en gradin sur les livres, tantôt tournant les pages pour créer un décor différent. Elles effectuaient toutes sortes de figures et de positions, avec des jetés, des pliés, des ports de bras majestueux, des battements de pieds rapides, des pas de deux, des arabesques et des chassés de haute précision, des portés aériens, développant une souplesse incroyable dans des cabrioles magnifiques, des équilibres sur pointes à couper le souffle, des grands écarts lors de portés invraisemblables ; tout cela sur des tempos de valses rapides et lentes, de menuets doucereux, de quadrilles infernaux, mais aussi de tangos langoureux et de marches militaires. Les corps des danseuses s’ajustaient et se détachaient sans cesse, parfois en rang, parfois en mouvements désarticulés.
Pendant certaines phases, je voyais les oiseaux agiter leurs becs. Je comprenais alors qu’ils composaient une chorale.
Je n’en respirais plus tellement mon attention était captée par ce spectacle envoûtant, jusqu’au moment où tout le monde se figea sur place. Moi aussi je ne bougeais pas, me rendant compte que j’avais maintenu la même position depuis le début du spectacle. Aucun bras, aucune jambe n’avaient bougé, seuls mes yeux tentaient d’absorber tout ce qui se déroulait sur la cheminée. Trois secondes d’immobilité s’écoulèrent. Trois secondes pour prendre conscience que la séance était hélas déjà terminée.
Puis les souris en tutu s’installèrent toutes en rang sur le bord de la cheminée (oh ! si près du précipice, pourvu qu’elles prennent bien soin de ne pas tomber !). Et je les vis s’incliner et me saluer trois fois. Je les applaudis à tout va, laissant éclater ma joie d’avoir assisté à cette magnifique représentation. L’orchestre aussi congratulait les danseuses. Puis elles reculèrent ensemble et s’avancèrent de nouveau sur la même ligne pour s’incliner encore, visiblement satisfaites de leur prestation et heureuses de mes applaudissements. Enfin, l’une d’elle se retourna pour désigner le hibou, lequel s’inclina à mon attention, salua son orchestre et l’applaudit pour le remercier de la qualité de son exécution.
Et alors, les souris graciles et l’orchestre entier regagnèrent les coulisses par la porte du tableau. Lorsque cette dernière se referma définitivement, j’entendis les douze coups de minuit au carillon du salon.
Le lendemain matin, je me suis réveillé heureux de ce souvenir magnifique, espérant qu’il se reproduise régulièrement. Mais en vain… Alors était-ce un rêve ou une réalité ? Qui pourra me dire pourquoi un tel enchantement s’est déroulé dans ma chambre ?
Depuis, je ne me suis jamais séparé de ce tableau. Me procurera-t-il un jour un nouveau plaisir aussi intense ?
TIMY LA PETITE FOURMI QUI VOULAIT VOLER
Timy la petite fourmi bleue se promenait dans un parc, gambadait sur le sol parmi les herbes, grimpait aux arbres ou se faufilait sur les tiges des fleurs pour se perdre parfois dans leurs pétales.
Mais elle voyait régulièrement des oiseaux virevolter au-dessus d’elle. Elle imaginait la chance qu’ils avaient de pouvoir se déplacer ainsi d’arbre en arbre, du haut des toits vers les gazons, de leurs nids vers les fleurs tout en chantant leurs mélodies si agréables à écouter.
-
Comment pourrais-je en faire autant ? se disait-elle. Je n’ai pas d’ailes, et me voilà bien ennuyée pour imiter les oiseaux !
-
Voyons, si je n’ai pas d’ailes, il faut que je me serve de quelque chose qui virevolte aussi dans les airs. Les oiseaux m’accepteraient-ils sur leur dos pour me transporter ?
Quand l’automne arriva, Timy la petite fourmi observa que les oiseaux n’étaient pas les seuls à voler dans les airs : les feuilles aussi effectuaient des circonvolutions ; elles se détachaient de leurs branches pour terminer leur parcours aérien sur le sol.
-
Mais voilà la bonne idée ! se dit Timy. Je vais monter dans un arbre, Je cheminerai le long de ses branches, puis je choisirai une feuille prête à s’envoler.
Et voilà notre petite fourmi guillerette qui gambade sur le sol, au travers des herbes du gazon vers le plus grand arbre du parc. Arrivée à son pied, encore pleine d’énergie et de détermination, elle grimpe le long de son tronc, puis bifurque sur une grosse branche et se dirige vers des branches de plus en plus petites.
La voici tout en haut de l’arbre, sur une très fine branche que le vent ébroue, tortille, secoue parfois fortement. Timy la petite fourmi doit s’accrocher de toutes ses forces pour ne pas tomber. C’est dangereux pour elle tout là-haut. Jamais une fourmi ne s’était aventurée si haut !
Mais elle a tellement envie d’effectuer ce vol dans les airs qu’elle se tient bien à la fine branche. Pour la première fois de sa vie, depuis son promontoire, elle peut observer tout le parc qu’elle n’imaginait pas aussi grand.
Puis elle s’avance sur une feuille. Elle espère bien qu’elle va se détacher un jour. Elle l’a choisie bien jaune, la plus jaune possible, pour attendre le moins longtemps.
Pendant son attente, Timy la petite fourmi a tout loisir pour contempler les environs depuis son poste d’observation. Elle aperçoit le kiosque avec son toit blanc et ses colonnes. En ce moment, personne n’y joue. Puis, elle reconnait l’aire de jeu. Il n’y a pas d’enfant en ce moment. Ils sont à l’école. Puis elle peut voir quelques personnes déambuler dans les allées. N’est-ce pas elles qui cherchent parfois à l’écraser quand Timy passe trop près ?
La fin de l’après-midi arrive, et le soleil se couche assez vite. Puis c’est la nuit. Mais la petite fourmi doit rester éveillée. Endormie, elle risque de glisser de la feuille et de tomber ! Surtout avec ce vent qui la chahute. Enfin, le matin arrive par un lever de soleil qui la réchauffe.
Puis elle entend quelques craquements proches : en se retournant, elle voit que l’attache de la feuille commence à se fissurer.
-
Ça y est ! on va bientôt partir !
Eh oui, avec la bise, la feuille bouge de plus en plus, comme si elle montrait sa volonté de se détacher. Puis soudain, elle rompt son amarre avec la branche et prend son envol
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Youpi !!! On est parti !!!
C’est comme si la petite fourmi faisait du surf dans les airs. Pour commencer, la feuille effectue une descente rapide en piqué pour prendre de la vitesse, puis elle se redresse pour planer. Elle profite d’un courant d’air vers le haut pour remonter. La petite fourmi se croyait dans un manège comme les montagnes russes. Parfois elle a peur tellement la feuille descend vite, ou lorsqu’elle effectue un looping, parfois, elle est rassurée quand la feuille se redresse, ou encore, elle profite du paysage vu de si haut quand la feuille plane doucement.
Mais malheureusement, sa joie n’était pas aussi longue qu’elle l’aurait souhaité car, tout en ayant des petites remontées, la feuille se rapproche de plus en plus du sol…
Elle finit par se poser sur un coin de gazon. Timy est en extase d’avoir réalisé ce vol tant espéré, encore toute étourdie par ces évolutions aériennes.
Alors, la petite fourmi sort de la feuille, se retrouve sur le gazon. Et devine ce qu’elle décide : elle se dirige aussitôt vers un arbre, le plus grand du parc….
L'ARBRE MON AMI
Bonjour chers amis.
Je suis un arbre.
je vais vous conter ma vie et mon utilité pour tous.
Je crois que vous allez être surpris
Que je sois grand comme un adulte, ou petit comme un arbrisseau, je suis un perchoir pour les oiseaux qui viennent s’y reposer, seuls ou en groupe, ou encore en nuées.
Ils y chantent, s’ébrouent, jouent entre eux.
Sur mes branches, ils construisent des nids douillets pour y pondre leurs œufs et élever leurs oisillons.
Ils aiment aussi s’y réfugier, cachés par les feuilles, pour échapper au regard d’autres animaux
qui les poursuivent, comme les chats qui adoreraient tant en capturer !
Certains oiseaux se placent tout en haut pour observer les alentours à la recherche d’une proie.
Je suis aussi un terrain de jeu pour les écureuils et les chats.
Chacun saute de branche en branche pour s’exercer, ou jouer à cache-cache.
Les chats viennent s’y reposer à l’ombre ou ils chassent les petits oiseaux.
D’autres profitent de trous dans le tronc pour y installer leur maison et cacher leurs provisions.
Dans la jungle, les lions et les singes viennent aussi se divertir et s’y reposer.
Sous un soleil radieux, je propose mon ombre fraiche à tous les humains et les animaux qui souhaitent se rafraîchir.
Qu’il est bon de s’abriter sous mon feuillage pour un moment de repos avant de repartir au travail dans les champs, ou pour une longue marche sous le soleil intense, ou encore pour aller chasser des proies.
Eh oui, je produis aussi des fruits !
Mais il faut être patient !
De magnifiques fleurs apparaissent au printemps, pour ensuite donner naissance à de petits fruits verts.
Ils vont progressivement mûrir pour se transformer en fruits comestibles à la fin du printemps jusqu’au début de l’automne.
C’est alors que je propose mes fruits pour les consommer sur place, ou les emporter, composer des salades goûteuses, ou préparer de délicieuses confitures pour l’hiver.
Des oiseaux se permettent aussi de se servir directement sur mes ramures. Ils sont attirés par le rouge de mes fruits et se régalent goulûment par becquetées.
Et si l’on attend trop longtemps, les fruits très mûrs se détachent des branches et tombent au sol.
Quand il pleut, j’abrite tous ceux qui veulent rester secs.
Mais cela ne dure qu’un moment !
Eh oui !
La pluie tombe sur mes feuilles du haut puis ruisselle en goutte à goutte de feuilles en feuilles
à travers mes branchages vers celles du dessous.
Alors, il ne lui reste plus qu’à tomber sur le sol et tous ceux qui se sont réfugiés sous mon aile se font mouiller.
Mais j’adore la pluie : elle pénètre dans le sol pour nourrir mes racines.
C’est ainsi que je peux grandir.
Comme les humains, j’ai soif !
Quand nous sommes plantés serrés en ligne, nous protégeons du vent grâce à nos branches et à nos feuillages qui fournissent un barrage.
Cachés derrière la haie, les personnes, les animaux, les maisons et les automobiles sur les routes
ne ressentent pas le vent.
Alors, son souffle fait frissonner nos feuilles et vibrer nos branches en tentant de passer à travers la haie.
C’est ainsi que tu peux entendre le bruissement musical de nos feuillages.
Et comme tu peux le voir, les arbres sans ma protection s’inclinent par la force du vent.
Voici l’automne.
C’est la transition entre la chaleur de l’été et la froidure de l’hiver.
Mes feuilles deviennent mordorées, jaunes, brunes ou rouges.
Alors je procure de jolies couleurs au paysage.
A cette époque de l’année, je suis épuisé.
Pendant tout le printemps et l’été, j’ai créé des fleurs, fourni des fruits et j’ai nourri mes feuilles.
Alors, je n’ai plus de forces.
Mes feuilles tombent, emportées par la bise qui secoue mes branches.
Elles forment un tapis brun et rouge au sol.
Elles deviendront humus, une nourriture pénétrant dans le sol qui sera absorbée par mes racines et par toute la végétation alentour.
Je vais donc me reposer pendant l’hiver pour recommencer l’année prochaine.
Le long des rivières et des fleuves, je me reflète dans l’eau avec plaisir, et j’accompagne les voyageurs qui naviguent.
Parfois, par un grand soleil, ils se protègent dans mon ombre.
Mes racines y puisent de l’eau pour me désaltérer.
Et en contrepartie, avec leurs entrelacements souterrains, elles retiennent les berges de la rivière.
En forêt ou en solitaire, en haies ou en bosquets, dans les prairies et sur les monts, je participe à la beauté des paysages.
Ensemble, nous proposons une myriade de verts, mais aussi de jaunes et de bruns à l’automne.
L’hiver, lorsque je suis dépouillé de mes feuilles, la neige et le givre se déposent sur mes branches.
Je donne alors du relief à la blancheur du paysage.
Parfois, mon propriétaire accroche une balançoire à l’une de mes grosses branches pour que ses enfants s’y bercent.
Il arrive aussi qu’il installe une petite cabane au milieu de mes branches.
On y accède par une échelle ou un escalier.
Plus grande, la cabane peut devenir une pièce pour s’y reposer ou dormir.
Ainsi, mon propriétaire peut vivre avec les oiseaux et les écureuils, ou admirer la nature depuis ce promontoire.
Quand nous sommes nombreux dans une forêt ou un bois, un parcours d’accrobranche est lancé entre nous pour créer un chemin semé de difficultés, jusqu’à une tyrolienne.
A cette hauteur, je suis certain que des promeneurs ont le vertige.
Mais ils l’ont bien voulu !
Il arrive aussi que mon propriétaire décide de m’abattre parce que j’ai assez grandi.
Le bois de mon tronc permet de fabriquer des planches et des poutres pour construire des maisons, fabriquer des meubles et des étagères.
Et puis, une fois par an, si je suis un sapin, tu m’installes dans ta maison et tu me garnis de guirlandes.
Au pied, tu trouveras des cadeaux apportés par le Père Noël pour toi et ta famille.
Mais rassure-toi, à chaque fois, mon propriétaire me remplace par un nouvel arbre qui grandira.
Alors, pour que tout cela soit possible, il faut nous respecter.
Et si nous sommes abattus, nous devons toujours être remplacés par de nouveaux arbres.
Des graines seront semées qui formeront de tout petits arbrisseaux que l’on replantera dans les jardins ou dans les forêts.
Chacun de nous pourra grandir.
Mais il faudra être patient !
Il faut très longtemps pour que je sois grand, parfois plus longtemps que la vie d’une personne !
Ainsi, je pourrai de nouveau donner des fruits, abriter du soleil et de la pluie, recevoir les oiseaux et les écureuils, participer à la beauté du paysage et peut-être me transformer en planches pour les futures maisons.
Tu vois, nous sommes amis !